Journal de la marine marchande (JMM): le sommet de lomé ouvrira ses portes le 15 octobre. Il est destiné à réunir les pays africains afin de traiter de la sécurité et de la sûreté maritimes ainsi que du développement en afrique. Il intervient après le sommet de yaoundé. quelles ont été les avancées depuis ce dernier sommet? Quelles seront les différences avec celui qui s’est déroulé au cameroun?
ROBERT DUSSEY (R.D.): Le Sommet de Yaoundé, qui s’est tenu les 24 et 25 juin 2013, a regroupé les chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et de la Commission du golfe de Guinée (CGG). Il était consacré à lutter contre la piraterie maritime. Cette initiative a permis d’engranger des avancées louables, notamment une fructueuse coopération entre les régions de l’Afrique centrale et de l’Afrique de l’Ouest contre la piraterie. Elle a permis également la mise en place d’une stratégie maritime intégrée de la Cedeao et de la CGG pour la gestion de la paix et de la sécurité, visant surtout à garantir les intérêts vitaux dans nos mers et océans. De ce sommet, on garde la Déclaration de Yaoundé qui a permis la mise en place du Centre interrégional de coordination.
À Lomé, ce 15 octobre, ce sera la première fois qu’un sommet de l’Union africaine est dédié à la promotion de la sécurité et de la sûreté maritimes et au développement en Afrique. De plus, le Sommet de Lomé est ouvert à l’ensemble des questions épineuses liées aux mers et océans à l’échelle de notre continent, à savoir: la piraterie maritime, la pêche illégale, les trafics de tout genre. C’est aussi la première fois que les 54 pays d’Afrique expriment la volonté et la nécessité d’aller vers l’adoption et la signature d’une charte contraignante sur la sécurité et la sûreté maritimes.
JMM: quelles sont les attentes du gouvernement togolais en termes de résultats concrets à mettre en place? Pensez-vous qu’il faille désormais pousser encore plus loin la coopération entre les différentes nations du golfe de guinée pour créer des administrations intégrées, comme un corps de garde-côtes du golfe de guinée?
R.D.: Au regard des enjeux du Sommet de Lomé, je voudrais vous assurer que les attentes du gouvernement togolais sont celles de toute la commission de l’Union africaine, c’est-à-dire de toute l’Afrique. Heureusement, tous sont conscients de la gravité des fléaux qui handicapent l’Afrique dans son besoin de profiter des atouts de ses mers et océans. Il nous faut absolument renforcer un peu plus la coopération et mutualiser nos efforts pour protéger le golfe de Guinée. Cela passe nécessairement par l’adoption et la signature d’une charte de Lomé.
JMM: son excellence le président de la république du togo, faure essozimna gnassingbé, a beaucoup fait pour que ce sommet se déroule à lomé. Comment le gouvernement togolais envisage-t-il sa place dans la lutte pour la sécurité, la sûreté et le développement en afrique de l’ouest?
R.D.: Depuis plusieurs années, le Togo a anticipé sur les grandes questions stratégiques, notamment celle relative à la sécurité maritime. Fort de l’expertise développée par le Togo et dans une vision africaine du développement, le président de la République, S.E.M. Faure Essozimna Gnassingbé, a attiré l’attention de ses pairs sur la santé de nos mers et océans.
Conscients de la gravité des fléaux qui menacent le facteur important de développement économique que représentent les mers et océans, les chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine, réunis à Malabo en 2014, ont, dans un élan de responsabilité, convenu de tenir à Lomé une session extraordinaire de leur Conférence à l’issue de laquelle sera adopté le moyen approprié de conjuration du mauvais sort qui perturbe ces espaces. Donc, depuis la rencontre de Malabo en 2014, les actions menées à l’initiative du président de la République, et la parfaite collaboration entre la Commission de l’Union africaine et le Togo, ont permis d’entrevoir la perspective du Sommet de Lomé avec assurance et précision. L’une des étapes les plus emblématiques du processus d’élaboration du projet de charte sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique a été sa validation par les experts gouvernementaux réunis à Addis Abeba, du 25 au 27 avril.
Évidemment, le Togo compte jouer pleinement sa modeste contribution à travers une coopération sous-régionale, régionale et africaine plus renforcée, et un plaidoyer diplomatique le plus large possible dans l’unique but de faire des mers et des océans un véritable outil de développement pour le continent africain.