La réunion du Conseil supérieur de la marine marchande (CSMM) a eu à se pencher sur le décret d’application de la loi Savary dans les transports maritimes de passagers et pour les transporteurs de matières dangereuses. Dans le texte du décret examiné par le CSMM, les équipages des navires concernés pourront faire l’objet d’une enquête administrative. Des mesures prises dans le cadre de l’état d’urgence applicable en France. Pour les syndicats, ce décret a tout d’une loi maccarthiste. Est-ce qu’un marin qui distribue des tracts à bord d’un navire sera considéré comme un potentiel terroriste? Sans aller jusqu’à la caricature, certains navires avec des équipages multinationaux venant de pays où le terrorisme se développe risquent de se retrouver dans une situation délicate. Et qui paiera les pots cassés? Les chargeurs, encore une fois. Pourquoi ne pas faire comme aux États-Unis où les navires entrant dans les eaux territoriales font l’objet d’une inspection? Si demain un navire sous pavillon d’un pays tiers entre dans un port français avec un équipage multinational, combien de temps devra-t-il patienter avant de pouvoir s’amarrer? Des questions qui attendent des réponses. Pour les armateurs, ce texte sera source de nouveaux coûts. Que la situation justifie l’état d’urgence en France, nous l’attestons. Mais, il ne doit pas faire oublier l’urgence qui est la croissance économique du pays plutôt que de se lancer dans une chasse aux sorcières plus ridicule qu’autre chose.
Éditorial
La chasse aux sorcières
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