Lors de sa réunion du 8 septembre, l’Assemblée territoriale de Corse s’est prononcée en faveur de la création d’une structure juridique destinée à gérer la desserte maritime de l’île. L’idée présentée par le président de l’Office des transports de Corse (OTC), Jean-Félix Acquaviva, est de créer plusieurs compagnies régionales en lieu et place de l’actuelle délégation de service public. Ainsi, la collectivité de Corse devrait pouvoir entrer en possession des navires assurant la desserte.
Ces nouvelles sociétés doivent permettre d’éviter les insécurités juridiques qui ont mené à la fin de la SNCM. Jean-Félix Acquaviva a déclaré dans son discours préliminaire à cette adoption que la proposition présentée diffèrait radicalement du passé. « Héritière d’une histoire dans ce dossier où le contentieux a été la règle, la nouvelle majorité territoriale de la Collectivité territoriale de la Corse a voulu promouvoir une proposition radicalement différente sur le plan de la gestion du système de continuité territoriale maritime. »
Cette idée de compagnie régionale a été développée à son origine par le STC Marins (Syndicat des travailleurs corses) dans un projet qu’aucun tribunal ni gouvernement n’a voulu retenir. Portés à la majorité en Corse lors des dernières élections régionales, les nationalistes ont repris cette proposition pour l’adapter aux conditions du marché. Ainsi, la Collectivité de Corse prévoit de créer deux sociétés d’exploitation, l’une pour assurer les liaisons avec les principaux ports de l’île de Beauté, Ajaccio et Bastia, l’autre pour la desserte des ports secondaires (Île-Rousse, Propriano et Porto-Vecchio). Ces liaisons seront assurées au départ de Marseille. Elles prendront la forme de sociétés d’économie mixte d’opération prioritaire (Semop) fondées sur un partenariat public/privé entre la Collectivité territoriale de la Corse et des opérateurs privés. Ces derniers seront retenus après un appel d’offres. Les deux Semop disposeront de leur siège en Corse. Parallèlement à ces deux structures, la CTC va créer une société d’économie mixte d’investissements (Semi) dont le capital sera détenu à hauteur de 70 % par la CTC. « La Semi prendra en charge l’acquisition des navires et les affrétera ensuite aux deux Semop », a expliqué Jean-Félix Acquaviva.
Deux Semop, une Semi
La nouvelle organisation juridique de la desserte maritime de la Corse devrait être opérationnelle le 1er octobre 2017. Lors de cette délibération, l’Assemblée de Corse a aussi adopté un rapport pour l’achat à hauteur de 10 M€ de deux navires de l’ex-SNCM, le Paglia-Orba et le Monte-d’Oro à Corsica Linea.
Le projet porté devant les instances corses est destiné surtout à permettre aux Corses de prendre en main le devenir de la desserte maritime de leur île, mais aussi de pouvoir influer sur les prix de la traversée.
Ce modèle se calque sur celui qui prévaut chez les opérateurs de ferries en Manche. Brittany Ferries a créé des sociétés d’investissements avec les départements bretons et normands pour l’achat de nouveaux navires. Pour sa part, lors de sa création, MyFerryLink a créé une Scop pour l’exploitation des navires qui appartenaient à Eurotunnel. La différence en Corse est que seuls des intérêts publics corses sont aux commandes de ces différentes structures. Il reste à trouver des opérateurs privés pour accepter d’entrer dans la danse avec la CTC et l’OTC.
Gardes armés à bord des navires
Le 26 juillet, Alain Mosconi, délégué syndical du STC Marins de Corsica Linea, a écrit au président de la République pour lui demander de prendre en compte la sûreté à bord des navires qui assurent la liaison avec la Corse et le Maghreb. Un courrier qui intervient après avoir alerté le préfet des Bouches-du-Rhône sur la situation en novembre. Or depuis cette date, rien n’a été fait, s’inquiète le syndicat. Avec les attentats du 13 novembre et ceux de Nice, le risque est grand pour les navires assurant les liaisons en Méditerranée de subir une attaque terroriste qui pourrait être lourde de conséquences en raison de l’isolement en mer du navire, continue Alain Mosconi. Ce n’est que sur le Danielle-Casanova que le préfet a décidé en juillet de placer des équipes de sûreté. « Cela ne peut concerner qu’un seul navire », a écrit le délégué syndical STC. La présidence de la République a répondu le 2 septembre en assurant que les ministères concernés étaient informés et qu’ils prendront les mesures idoines.