« C’est une année moyenne pour les volumes, mais d’un haut niveau sur la qualité des céréales du Sud-Ouest, avec le label Maïs classe A qui a permis de contrer la concurrence internationale venue des pays de la mer Noire et du Canada ou de l’Argentine suivant les périodes de l’année », analyse Julien Bas, qui chapeaute la mutualisation des deux opérateurs de la place céréalière InVivo et SPBL (Silo portuaire de Bordeaux Letierce).
Premier produit, le maïs flirte avec les 800 000 t, soit une baisse de 30 % par rapport à la campagne précédente, liée au-delà de l’effet de concurrence à une production locale moins importante, selon Didier Domens, chargé du trafic céréalier au Grand port maritime de Bordeaux (GPMB). Également en baisse (-39,5 %), le blé, nouveau trafic depuis un virage vers la diversification, représente pour cette campagne plus de 270 000 t. « La production de blé tendre a pourtant été plus importante mais s’est traduite par moins d’export maritime, les surplus ayant été aspirés par le marché intérieur et l’Espagne », avance Didier Domens, quand Julien Bas, lui, évoque « la compétition avec d’autres ports ».
Des destinations traditionnelles
Ces céréales, exportées à 80 % en Europe, ont pris le chemin du Royaume-Uni (300 000 t de maïs), des Pays-Bas (200 000 t de maïs) et du Portugal, avec des chargements pour ce dernier surtout en blé (100 000 t). Parmi les pays tiers, on trouve par ordre d’importance l’Algérie (46 000 t de blé), l’Égypte (40 000 t avec un chargement record de maïs pour le port de Bordeaux), le Maroc (40 000 t de maïs) et des plus petits tonnages vers le Sénégal, la Norvège ou Cuba. Seules la Nouvelle-Zélande et la Corée ne font plus partie des destinations de cette campagne et se distinguent, parmi les nouveautés, des flux de soja (17 000 t) à destination de la Belgique, « qui vont se faire de manière régulière », précise Didier Domens. Selon lui, « l’opération de dragage Gironde XL imminente va améliorer de plus les tirants d’eau du chenal de 80 cm à 1 m à coefficient 50, ce qui permettra l’accueil des gros-porteurs dans de meilleures conditions et avec plus de sérénité ».
La production croissante de tourteaux de l’unité Saipol à Bassens pour fournir le marché local a eu raison des imports, qui pourtant avant 2010 pouvaient atteindre les 500 000 t, « ce qui effectivement pose un problème pour la filière et ses acteurs locaux », reconnaît Didier Domens, en précisant que le port a entrepris une démarche auprès de professionnels sur les conditions de relance de nouveaux flux d’import sur les tourteaux de soja. Seul un trafic import par Saipol de 10 000 t de tourteaux de colza a été enregistré sur cette campagne.
Renouvellement de séchoirs et de magasins
Employant près de 60 salariés, les opérateurs InVivo et SPBL assurent la totalité des exports de céréales, à hauteur de 60 % des trafics pour InVivo et 40 % pour SPBL. À l’exception de 160 000 t chargées à Blaye, la totalité des opérations de manutention se déroule sur Bassens où les deux opérateurs ont mutualisé leurs équipements depuis 2007 afin de fluidifier les escales et assurer notamment la manutention et le stockage de 300 000 t de blé chaque année. Sur 2016-2017, l’ensemble des silos va investir 7 M€ pour augmenter les capacités de stockage à travers la construction d’un nouveau magasin de 20 000 t pour SPBL, relié à la voie d’eau et en remplacement de magasins vétustes. La capacité de stockage est actuellement de 360 000 t. Les opérateurs vont de plus procéder au renouvellement de séchoirs. Sur le pré-acheminement, les deux céréaliers ont de nouveau, mais dans une proportion modeste faute de silos suffisamment embranchés, eu recours à des navettes ferroviaires, soit 59 trains de 1 300 t pour cette campagne 2015-2016. Côté pré-acheminement, SNCF Réseau vient de lancer par ailleurs une étude pour évaluer le potentiel économique et le type de gouvernance à mettre en place pour la relance éventuelle de la ligne Agen-Auch.