« L’été 2015 a été caractérisé par une récolte exceptionnelle en quantité, avec une qualité standard, c’est-à-dire ni exceptionnelle ni mauvaise », précise Manuel Gaborieau, délégué commercial d’Haropa. Rouen regagne les parts de marché perdues l’année dernière du fait des mauvaises conditions météorologiques de l’été 2014 dans une grande partie de l’hinterland de Rouen, qui avaient affecté la qualité du blé. Selon Manuel Gaborieau, le site de Rouen représente aujourd’hui 50 % de ce qui est exporté par voie maritime en France pour le blé et l’orge (la quasi-totalité du trafic céréalier d’Haropa se fait à partir des terminaux du port de Rouen).
Les orges, avec 2,38 Mt exportées, ont atteint le niveau le plus élevé jamais réalisé à Rouen. Les protéagineux enregistrent une progression de 51 % par rapport à la campagne précédente grâce aux exportations de pois vers l’Inde. Pour le colza, la progression est de 79 %.
La campagne a été marquée par une forte concentration des expéditions. Les trois premières destinations du port de Rouen que sont l’Algérie (3,5 Mt), le Maroc (2,1 Mt) et la Chine (1,2 Mt) représentent 77 % du total. Arrivent ensuite l’Égypte (285 000 t) et l’Arabie Saoudite (269 000 t).
Du blé pour le Maroc et l’Algérie
Les volumes exportés vers l’Algérie (3,5 Mt) sont proches du record de 2013-2014 (3,57 Mt), et les volumes destinés au Maroc sont les meilleurs enregistrés depuis quinze ans. Ces deux pays sont de gros clients pour le blé tendre, le blé destiné à la farine pour la panification, la biscuiterie et la pâtisserie. Les deux tiers des importations françaises de céréales du Maroc passent par Rouen. Le chiffre est sensiblement le même pour l’Algérie.
Les frets maritimes bas ont, par ailleurs, favorisé les expéditions lointaines (212 000 t vers le Mexique et 165 000 t vers la Thaïlande). La diversification des destinations déjà constatée l’année dernière s’est poursuivie avec notamment des expéditions d’orge vers la Jordanie et une progression des volumes vers l’Afrique de l’Ouest (386 000 t). En revanche, celles de l’Union européenne ont marqué le pas du fait d’une bonne récolte en Europe. Les ports de la mer Noire (Constantza en Roumanie, Odessa en Ukraine) continuent d’être de sérieux concurrents pour Rouen qui doit se contenter de son titre de champion pour l’Europe occidentale.
Le tonnage moyen par navire (22 000 t) a connu une augmentation au cours de cette campagne. « Rouen a accueilli plus de gros navires », observe Manuel Gaborieau. Sur 400 navires céréaliers qui ont escalé sur l’ensemble des terminaux rouennais, on compte une cinquantaine de Panamax. La récolte 2016 devrait être impactée par les mauvaises conditions météo du printemps 2016: beaucoup de pluie avec un faible ensoleillement.
Cinq opérateurs pour la manutention
Ils sont cinq manutentionnaires à opérer sur le port de Rouen avec une logistique spécifique en réception et une capacité de chargement très rapide des navires. Sénalia affiche une capacité de stockage de céréales de 500 000 t, Socomac (groupe Soufflet) a une capacité de 160 000 t, Simarex (groupe Interface) 166 000 t, Lecureur, filiale de Scael, groupe coopératif d’Eure-et-Loir, 120 000 t. Le nouveau venu, Beuzelin, spécialisé dans les graines fragiles et les protéagineux, peut stocker 50 000 t. Il vient d’inaugurer à Rouen son premier silo portuaire.
Le groupe Sénalia (siège à Chartres) exploite, en qualité de prestataire de service, les plus importants terminaux portuaires céréaliers et agro-industriels du port de Rouen. Il a réalisé l’an dernier 57 % du volume de céréales exportées depuis Rouen. Sur le long terme, sa part varie de 45 % à 57 %. Il travaille pour des coopératives et des sociétés de trading françaises et du monde entier qui viennent vendre et acheter des céréales françaises pour les exporter. À la différence de Sénalia, Soufflet (siège à Nogent-sur-Seine) est d’abord une société de collecte de céréales et de trading (achat/vente). C’est le premier collecteur privé de céréales en Europe. Il dispose par ailleurs de ses propres installations pour exporter, à Rouen et à La Pallice.