Année après année, le port catalan affiche des performances enviables. En 2015, les céréales et leurs farines ont représenté 2,9 Mt selon les statistiques de l’autorité portuaire de Tarragone (APT), soit un chiffre légèrement en baisse par rapport à 2014 (3 Mt) qui avait été un excellent cru. Pour ce qui est de l’alimentation animale, le port a traité 1,6 Mt (+14 %). Au total, 4,5 Mt ont été manutentionnées, soit 19 % du total national espagnol (23,6 Mt). Le port de Tarragone se situe loin devant Valence (2,7 Mt), Carthagène (2,6 Mt), La Corogne (2,1 Mt), Algésiras (2 Mt) et Barcelone (1,7 Mt dont 1,2 Mt d’alimentation animale, n° 2 en Espagne).
Pendant les six premiers mois de l’année, le trafic de céréales a progressé de 11 % pour atteindre 1,4 Mt, et celui de l’alimentation animale, de 6 % à 0,7 Mt. La quasi-totalité de l’activité (96 %) concerne le déchargement, l’Espagne étant un pays structurellement déficitaire en céréales et en produits d’alimentation animale. L’hinterland est constitué par les régions de la Catalogne et de l’Aragon, une zone à forte concentration de producteurs d’aliments pour bétail.
Un second semestre décisif
« Le trafic évolue en fonction du niveau des récoltes de céréales », affirme-t-on à l’APT, et le second semestre est décisif. Le chiffre total du trafic en 2016 dépendra du montant de la récolte au titre de la campagne et des besoins après déduction des importations en provenance de France, le fournisseur traditionnel. Le niveau élevé de la récolte espagnole de cette année – 18,7 Mt attendues pour les céréales d’automne-hiver contre 14,2 Mt en 2015, soit +31 % selon les chiffres du ministère de l’Agriculture – ne laisse pas présager une forte hausse globale du trafic cette année. En Catalogne, la récolte de céréales affiche une progression de 32 % selon la fédération catalane d’Asaja, l’association des jeunes agriculteurs.
Tarragone n’a pas réussi à développer un vrai trafic d’exportation et de transbordement en Méditerranée. De fait, le port catalan est en concurrence avec Valence, Carthagène et Algésiras et il s’agit de trafics captifs, liés à un hinterland précis. Cependant, un peu plus de 100 000 t de produits d’alimentation animale ont été embarquées en 2015, et le transbordement a concerné 50 000 t.
Poursuite des investissements des opérateurs
Les opérateurs (Noatum Codemar, Ership et Silos de Tarragona) continuent à investir afin d’accroître leurs capacités et améliorer leur efficacité. Le port offre une capacité de stockage de 1,85 Mt sur une superficie de 230 000 m2, soit 8 t/m2. Comme, par ailleurs, la rotation est élevée, le port peut aisément faire face aux pics d’activité. Silos de Tarragona SA (Sitasa), le premier opérateur agroalimentaire du port, dispose à lui seul d’une capacité de stockage de 400 000 t (dont 230 000 t en silos verticaux).
L’amélioration des post-acheminements est également un enjeu important. Les manutentionnaires du secteur, comme le reste de la profession et l’APT, réclament avec insistance la connexion UIC avec la frontière française. Pour l’instant, seul le port de Barcelone en bénéficie. Cependant, compte tenu de l’hinterland du port, les transports de proximité sont prioritaires.
La grande majorité des produits déchargés est acheminée par camion et les opérateurs demandent une amélioration des liaisons routières. Le chemin de fer offre aussi des perspectives intéressantes. En juin, Silos de Tarragona, le principal opérateur dans ce secteur d’activité, a affrété un premier train chargé de 500 t de blé en vue d’un transport jusqu’à la gare intermodale de Monzón, située à 65 km de Huesca et à 50 km de Lleida. Ce nouveau service régulier ouvre la voie à de nouveaux trafics et à une logistique plus flexible.