En janvier, le directeur Laurent Chéreau a énoncé un objectif d’exportation de céréales visant les 300 000 t de blé fourrager, d’orge et de maïs. À partir de novembre, une sauterelle sera dédiée au chargement de céréales sur les quais. Un investissement de 300 000 €, réalisé par la Chambre de commerce qui gère le port, après une étude de marché et des prospections auprès des exportateurs, les coopératives agricoles avec qui Lorient travaille déjà, et l’ensemble de la filière. Cet outillage sera mis à disposition des manutentionnaires, doublant le rendement à 700 t/h pour des caboteurs de 4 000 t à 12 000 t. L’actuelle méthode, vidant les camions sur les quais à la benne, une grue prenant le relais, plafonne le rendement à moins de 400 t/h. Le nouvel équipement immobilisera donc nettement moins les navires à l’escale.
La Bretagne qui se végétalise
« Le contexte c’est la Bretagne qui se végétalise, avec des producteurs qui visent l’optimisation de la qualité des céréales, confie Arnaud Trepos, directeur des opérations maritimes chez le manutentionnaire OMA. Le potentiel à l’export en est à ses débuts. Peut-être un jour du blé meunier… Jusqu’ici, le marché était orienté vers l’alimentation animale locale. Et on a actuellement un surstock de céréales en Bretagne. Pour l’instant, les céréales, c’est marginal. L’évolution devrait être plus significative en 2017, avec ce service qualité offert aux clients. Il n’est pas question d’agrandir notre hinterland ni de tenter de prendre des trafics aux ports voisins, mais de développer des prestations de qualité. »
Les filières agricoles viandes et volaille sont en mutation au profit d’une revégétalisation des surfaces cultivées, « évaluée à 4 % par an jusqu’en 2020, essentiellement dans notre hinterland, dans le Morbihan », note Vincent Tonnerre, chargé de développement commercial au port de Lorient. Ce qui génère et générera une croissance des céréales à l’export. Ces exportations ont déjà représenté 40 % de la récolte des grands opérateurs bretons en 2015. Les céréales bretonnes n’ont pas les qualités de la Brie ou de la Beauce mais ont tendance à gagner en qualité. C’est ce marché naissant que le port de Lorient veut anticiper. « On prépare la mutation de nos trafics. Actuellement, nos imports de tournesol, de coques de soja, de mélasse restent stables. Et les imports de soja lié aux éleveurs bretons vont diminuer », ajoute Vincent Tonnerre dont la mission a consisté ces derniers mois à travailler avec la chaîne logistique dans sa globalité, tablant sur l’attractivité de l’offre logistique pour servir l’activité de la place portuaire. Les coopératives agricoles bretonnes ont intérêt à optimiser leurs flux logistiques, étant acheteuses de matières premières pour la nutrition animale, et en même temps vendeuses de céréales. L’avenir du port se joue dans les terres.