La Société d’exploitation de Port Tellines (Sept), filiale de Cerevia, qui regroupe sept coopératives céréalières de Bourgogne, de Franche-Comté et de Rhône-Alpes, a réceptionné 781 603 t lors de la campagne céréalière 2015-2016, achevée en juin. La récolte historique a laissé des stocks confortables. « Ce fut une bonne campagne de blé avec des épis de qualité, en particulier d’avril à juin. Les céréaliers ont vidé leurs silos. En revanche, la production de maïs a été médiocre à cause de la sécheresse », explique Jean-Pierre Buttin.
Le directeur du terminal des Tellines, situé sur le port de Marseille-Fos, n’exagère pas. De près de 290 000 t de maïs en 2014-2015, l’activité est tombée à 7 000 t lors de la campagne 2015-2016. Une chute vertigineuse compensée par un quasi-doublement des expéditions de blé à 441 445 t. L’orge, de mouture et de brasserie, a été également orientée à la hausse lors de la campagne achevée le 30 juin avec respectivement 155 748 t et 98 206 t.
Le fer perd du terrain au profit du fleuve
La part des acheminements de céréales par le fleuve a augmenté au détriment du fer, au point de concentrer 75 % des céréales (561 000 t). Le rail, qui en 2014 représentait 40 % des acheminements de céréales depuis la Bourgogne et la Franche-Comté, ne représente plus que 24 % avec 121 000 t. Depuis le hub de Venarey-Lès-Laumes, la fréquence des trains Europorte a diminué de six à quatre trains par semaine. La part des céréales expédiées par la route demeure marginale avec 3 800 t, soit 1 %.
Maïs, blé, orge, toutes les céréales stockées dans le sud de la France sont ensuite exportées par voie maritime. L’Algérie demeure la première destination à l’export, totalisant 200 000 t lors de la dernière campagne, en recul de 23 %. Fort recul également des importations vers l’Italie, de 232 000 t à 130 000 t. « L’Italie s’est détournée du marché français et a importé du blé d’Europe de l’Est », commente Jean-Pierre Buttin.
Même sort pour les exportations vers la Grèce. En revanche, la Turquie a acheté davantage de céréales à la faveur d’une opportunité commerciale. Parmi les nouveautés de la campagne 2015, l’expédition de 122 000 t d’orge de brasserie vers la Chine et 11 000 t vers le Brésil, 27 000 t de maïs vers la Libye ou encore 7 000 t de blé expédié au Liban.
Pour cultiver leurs champs, les céréaliers ont importé par voie maritime 108 560 t d’engrais d’Algérie, d’Égypte et du Maroc lors de la campagne 2015-2016. Débarqués aux Tellines, les engrais prennent le fleuve à contre-courant des céréales sur le Rhône et la Saône.
Interrogé sur les perspectives de trafics de céréales de la campagne 2016-2017 qui vient tout juste de débuter, Jean-Pierre Buttin avoue son inquiétude quant à la qualité des blés à venir. Les fortes pluies et le faible ensoleillement devraient avoir un impact sur les récoltes de blé tendre. « La prochaine campagne risque d’être dramatique, nous n’aurons ni la qualité, ni les quantités. Le terminal, les services aux navires seront impactés. Généralement le surplus est exporté, or la production nationale de blé va tomber à 28 Mt contre 41 Mt l’an passé », s’inquiète Jean-Pierre Buttin.
55 000 t de capacités en silos
Derniers coups de peinture, en juillet, aux silos récemment érigés. Un investissement de 5 M€ pour leur construction, et 3 M€ dans la reconversion du bâtiment à plat en stockage d’engrais. En effet, la société d’exploitation du port des Tellines (Sept) dispose depuis décembre d’une capacité de stockage de 55 000 t en silos verticaux. Blancs et bleus, les deux silos sont divisés en 16 cellules de 3 000 t entre lesquels s’articulent six as de carreau de 500 t chacun. « Les allotements dépendent de la demande des clients », précise le directeur Jean-Pierre Buttin. Quant au bâtiment historique à plat, il a été reconverti et dédié au stockage des engrais avec une capacité de stockage de 15 000 t. La Sept exploite à la fois le quai des Tellines (limité à des navires de 10 000 t) et le quai Gloria (concédé par le GPMM depuis 2010) où viennent s’amarrer les plus gros vraquiers de 33 000 t. La Sept, qui emploie huit salariés a réalisé 5,5 M€ de CA en 2015, stable comparé à 2014.