Responsable de cette baisse de trafic, la panne du terminal de Saint-Nazaire et ses navires de blé de moins de 10 000 t, traditionnellement pour l’Europe. Une panne technique en quelque sorte: Granit, principal exportateur à Saint-Nazaire, a délaissé le marché, son principal trader ayant déserté. « Sans ce problème interne, nous aurions atteint les mêmes chiffres que l’an dernier », veut rassurer Éric Girard. La différence, de 428 000 t l’an dernier à 146 000 t cette année, explique à elle seule la baisse globale. Les deux autres terminaux, Nantes et Montoir, sont en croissance. « La troisième meilleure campagne de notre histoire ici », indique Stéphane Garcia, directeur d’exploitation sur les deux sites pour Invivo. Les gros navires vers les pays tiers y ont tenu la vedette.
11,5 M€ investis à court terme
La Chine confirme sa place. Avec 268 000 t expédiées, elle dépasse l’Algérie, première destination (jusqu’ici) au départ de Nantes Saint-Nazaire, qui en a acheté pour 212 000 t. Le niveau exceptionnel des taux de protéines (11,5 %) des blés de l’ouest de la France a permis d’accrocher des marchés nouveaux comme Cuba et l’Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire, Mali, Congo), même sur des tonnages moindres. Le reste du trafic de gros volumes résulte de coups spot vers l’Arabie Saoudite, le Mexique, l’Indonésie ou le Yémen. Et même, plus surprenant, vers le Canada, avec un navire de 17 000 t. Également l’Europe, mais par plus petits navires, entre 4 000 t et 7 700 t: Portugal, Grèce, Espagne, Italie, Angleterre.
Le trou d’air de cette année n’empêche pas le port de miser encore sur les céréales. Il y consacrera 4,5 M€ d’ici à 2018 sous forme d’investissements ferroviaires. En fin d’année, un second raccordement du groupe huilier Cargill, à Montoir, va libérer des sillons pour Invivo, qui pour cette campagne a fait venir 155 convois à Montoir et 162 à Nantes. Si le port est surtout desservi par camions, de l’ouest, le train lui permet aussi de s’approvisionner au centre de la France (Vienne). À partir de l’an prochain, dans la gare en amont de Montoir, une 6e ligne électrifiée et trois voies de stationnement vont être construites pour améliorer les rotations ferrées.
Invivo investit aussi. Son prochain conseil d’administration doit décider d’augmenter de 15 000 t ses capacités de stockage à Montoir grâce à la construction d’une structure métallique de cinq cellules de 3 000 t chacune. Il ajoute aussi deux fosses de réception aux deux qu’il possède déjà. Coût de l’investissement global, environ 7 M€. Le long terme est bel et bien visé.
Manutention organisée à l’ancienne
Particularité de Nantes Saint-Nazaire, les deux opérateurs céréaliers Invivo et Idea possèdent leurs propres portiques au bout de leurs silos. « Nous ne fournissons que les hommes, un peu comme du temps du port propriétaire de ses magasins et de ses grues », explique Pascal Vialard, président de Sea Invest, la principale société manutentionnaire sur le port. Et encore! Étant membres du groupement de main-d’œuvre portuaire, Invivo et Idea ne lui demandent que des dockers, grutiers et personnels de conduite étant fournis par le groupement.