À Montréal, le trafic céréalier double la mise

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Le port de Montréal serait-il en passe de renouer avec son image de « plus grand port exportateur de grain de l’univers » qui, au cœur des années folles, faisait la fierté des Québécois? Depuis 2011, le trafic de céréales à l’export y a plus que doublé. Les volumes flirtent désormais avec les 4 Mt annuelles. Plusieurs facteurs, tant conjoncturels que structurels, peuvent expliquer ce renouveau.

La première raison de ce bond du marché des céréales tient à la qualité exceptionnelle des récoltes de ces dernières années. Dès la campagne 2013-2014, le CIC (Conseil international des céréales) se félicitait des volumes de céréales et d’oléagineux canadiens au-delà de toute attente. La production de la confédération, toutes céréales confondues, atteignait alors 66,2 Mt, soit + 28 % par rapport à la précédente campagne. Le blé, à lui seul, progressait de 38 %, le colza (« Canola » au Québec) de 29 %. Une croissance telle qu’elle a entraîné des soucis d’entreposage et d’acheminement vers les ports du Pacifique, le transport ferroviaire de ces volumes inhabituels ayant souffert de la concurrence des autres produits en vrac (charbon et sable). Leur détournement vers les ports de l’Est a logiquement profité à Montréal. En 2014, le trafic de céréales y a enregistré la plus forte croissance, tous produits confondus (+54,5 %). Le grain (essentiellement du blé mais aussi du maïs, du soja et du colza) représentait alors 48 % du volume total de vrac.

Le succès de Viterra

Le deuxième événement qui explique les records des années 2014, 2015 et 2016 est organisationnel. Depuis le 1er juillet 2011, le port de Montréal a cédé son activité d’opérateur céréalier à Viterra. Pour Tony Boemi, vice-président croissance et développement au port de Montréal, l’arrivée de la compagnie albertaine n’est pas anodine: « Leur bonne connaissance du marché du grain et l’émergence de marché de niche pour les produits sans OGM à destination des marchés japonais et nord-européens nous a permis de progresser. » Dès la clôture du 1er exercice de Viterra, en 2012, le trafic céréalier faisait +76,3 % (3,07 Mt contre 1,74 Mt en 2011). Suite au transfert de l’exploitation de son terminal céréalier (agréé par la Commission canadienne du grain et doté d’une capacité d’entreposage de 262 000 t et de chargement des navires de 5 500 t/h), le port a également revu sa structure organisationnelle en se séparant de 25 % de sa main-d’œuvre. Porté par ses succès, Viterra s’est emparé en 2015, pour 190 M$ (130 M€), de l’usine de transformation de graines oléagineuses TRT-ETGO, située sur le Saint-Laurent à mi-chemin entre Montréal et Québec.

Pour comprendre les excellents résultats du port montréalais, il faut également citer Canest Transit qui a inauguré, fin 2014, de nouvelles installations de nettoyage et de conteneurisation des produits agricoles. Le bâtiment comporte 91 silos d’une capacité totale de 68 000 t. Le port de Montréal a consacré 4 M$ à l’amélioration du bâtiment mais aussi des accès routiers et ferroviaires. Canest Transit se positionne désormais comme un intervenant de choix pour le trafic céréalier en provenance du Québec, de l’Ontario mais aussi de l’Ouest canadien et du Midwest américain.

Pour Sylvie Vachon, p.-d.g. du port de Montréal, l’implantation de Canest « cadre parfaitement avec notre stratégie de prestation de services à valeur ajoutée aux utilisateurs du port, et de recherche de nouveaux clients ».

Et ce ne sont pas les résultats de ces dernières années ni les prévisions 2016 qui la feront mentir.

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