Avec la reprise d’UASC par Hapag Lloyd, c’est encore une fois l’Europe maritime qui semble jouer les vainqueurs. Après Maersk Line qui a longtemps connu une croissance externe, puis CMA CGM qui a récemment repris NOL et MSC, qui aligne des navires de plus en plus imposants, les grands noms de l’industrie maritime conteneurisée se recentrent sur l’Europe. Et quand les consultants analysent la situation de Hyundai, il semblerait que la compagnie sud-coréenne pourrait bientôt entrer dans le giron d’un concurrent, sauf si le gouvernement local ou la Korean Development Bank, propriétaire d’une partie des dettes de l’armement, ne s’y opposent. Si les décisions des armements conteneurisés vont désormais se prendre entre Copenhague et Marseille en passant par Hambourg et Genève, la question de la rentabilité de ces multinationales maritimes va se poser rapidement. Les taux de fret peinent à revenir à des niveaux suffisamment rentables pour ces compagnies. Et que dire des dernières GRI (Gross Rate Increase) que les armateurs ont voulu passer au 1er juillet. Elles n’ont pas plus duré que le temps d’une liaison entre l’Asie et l’Europe. Si le monde maritime se consolide en Europe, le centre de gravité portuaire demeure en Asie. Pour que ces deux mondes trouvent une harmonie qui les hisse dans les hauteurs de la rentabilité, il faudra trouver un langage commun. Déjà, en Europe, les grands noms des armateurs conteneurisés pourraient trouver un moyen de réduire l’offre pour permettre aux taux de fret de reprendre un peu de poids. Le régime drastique auquel sont soumis les armateurs risque de se répercuter rapidement sur les services. Si les ports et les armateurs trouvent un terrain d’entente, cela se fera au détriment des chargeurs. Dans l’hypothèse d’une régulation par la flotte, encore une fois les chargeurs en pâtiront, mais là, l’Europe pourrait aussi venir jouer les trouble-fête. La consolidation en cours dans la conteneurisation sera pour les chargeurs un nouveau combat pour éviter d’en faire les frais. À voir les comptes financiers des armateurs, il y a urgence à s’entendre plutôt que de se battre. Et pour une fois, l’Europe doit apprendre à comprendre la réalité du marché plutôt que de faire du dogmatisme parfois assassin.
Éditorial
Consolidation
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