Le long des côtes brésiliennes, le secteur de la croisière est à la peine. La saison 2015-2016, qui s’est échelonnée de novembre à avril, a accueilli dix navires, contre vingt en 2010. « Nous n’avons pas encore le nombre consolidé de passagers transportés, mais nous pensons que ce chiffre oscillera entre 450 000 et 500 000 pour 2015-2016 », avance Marco Ferraz, président de Clia Abremar Brasil, l’association brésilienne des croisières maritimes. La prochaine saison s’annonce également à la baisse. D’après les premières estimations de l’association, cinq à six navires devraient inscrire le Brésil dans leur catalogue en 2016-2017, ce qui représenterait une fourchette haute de 380 000 touristes.
La Royal Caribbean a déjà confirmé qu’elle ne programmerait pas de croisière au Brésil. L’opérateur MSC, quant à lui, prévoit le passage des navires MSC-Preziosa et MSC-Musica le long des côtes du pays. « La compagnie fait toujours ses plans à l’avance. En observant les évolutions économiques du pays en ce moment, elle a décidé d’opter pour une stratégie plus conservatrice avec la venue de trois navires en Amérique du Sud. » Le troisième navire en question sera le MSC-Orchestra, qui offrira des circuits à partir de Buenos Aires, en Argentine.
Par ailleurs, la taille des navires sera elle aussi revue à la baisse. « En plus de supprimer des navires, les compagnies utiliseront des paquebots plus petits. Une compagnie qui avait un navire de 3 800 passagers reviendra la saison prochaine avec un navire d’une capacité de 1 800 passagers, déclare Sueli Martinez, le directeur des opérations de Concais, le terminal de passagers Giusfredo Santini à Santos. Cela fait une énorme différence. »
La compétitivité brésilienne en question
Pour expliquer ce désamour de la part des armateurs, plusieurs facteurs viennent se superposer. Royal Caribbean Cruises explique ainsi sa décision de ne pas venir au Brésil durant la saison 2016-2017, en invoquant dans un communiqué « les hauts coûts opérationnels du Brésil et la croissance de marchés comme l’Asie et l’Océanie, qui ont fait de nombreux investissements en termes d’infrastructures et présenté des scénarios plus compétitifs pour l’activité des entreprises maritimes ». Le cours du dollar, la crise économique du Brésil, son instabilité politique ainsi que les nombreux impôts et taxes rendent en effet le Brésil moins attractif par rapport à d’autres destinations telles que les Caraïbes, l’Asie ou encore l’Australie.
Il faut y ajouter une bureaucratie pesante, les questions sociales et des infrastructures déficientes. Les investissements dans les terminaux de passagers traînent et les systèmes d’approvisionnement en eau et en carburant ne sont pas toujours à la hauteur. « Pour les cités qui n’ont pas de ports, nous avons besoin de pontons qui puissent recevoir les passagers à bord de petits navires », note en passant Marco Ferraz.
D’après l’Association brésilienne des croisières maritimes, le gouvernement et les entreprises du secteur travailleraient activement pour améliorer la situation et renforcer la compétitivité du Brésil et de ses principaux ports de croisière (Santos, Rio de Janeiro, Salvador, Ilhabela, Búzios). Néanmoins, les choses sont loin d’être gagnées, d’autant qu’une nouvelle taxe plane comme une épée de Damoclès au-dessus du port de Rio de Janeiro. Cette résolution, votée en février, prévoit que les armateurs qui accosteront en dehors du Pier Mauá devront régler 30,87 réals (7,68 €) par passager embarquant ou débarquant, et 22,45 réals (5,58 €) par passager en transit. Une cellule de crise, menée par Cristina Fritsch, présidente de l’Association brésilienne des agences de voyage de Rio de Janeiro (Abav-RJ), tente à tout prix d’empêcher l’entrée en vigueur de cette résolution, en novembre. À suivre.