Un rapport réalisé pour l’établissement Voies navigables de France (VNF) par le cabinet Grelet Conseil intitulé « Les paquebots fluviaux en France, étude sur l’impact économique », daté de décembre 2014, fournit dans ses premières pages plusieurs définitions qui permettent de mieux appréhender l’activité de la croisière fluviale. Un paquebot fluvial est « un bateau à passagers proposant des croisières avec hébergement, dont la capacité en passagers est supérieure ou égale à 50 personnes. Ces unités peuvent transporter jusqu’à 200 passagers maximum ». Leur longueur varie de 90 à 110 m, voire 135 m, pour 11,4 m de large. Ils empruntent les voies d’eau à grand gabarit que sont les axes Rhin-Moselle, Seine-Oise, Rhône-Saône, et plus récemment, la Garonne-Dordogne et la Loire. « La croisière fluviale s’organise à bord d’un bateau avec hébergement progressant le long d’un itinéraire fluvial qui constitue l’axe central de diffusion des touristes vers les territoires traversés. »
La diffusion se fait selon un système d’allers-retours réguliers et continus entre le bateau et les territoires. Les passagers se déplacent essentiellement en bus pour visiter les atouts culturels majeurs et découvrir les territoires. « La croisière en tant que produit ne se résume pas au seul itinéraire emprunté sur une semaine par le bateau. La tendance actuelle de la croisière vise au package touristique comprenant le pré-acheminement aérien, les excursions mais aussi les possibilités de pré et post-séjours. Ainsi, la croisière est en fait un produit fini », précise le rapport.
Une évolution positive
En 2015, environ 200 000 passagers ont fréquenté des bateaux de croisière en France, auxquels il faut ajouter les plus de 160 000 passagers ayant fait une escale à Strasbourg, soit un total de plus ou moins 360 000. En 2014, le nombre était de 373 700 passagers, en 2013 de 234 000.
La majorité de la clientèle est internationale, principalement anglo-saxonne et germanophone, à l’exception de celle de la compagnie CroisiEurope dominée par les Français (voir p 38). Les passagers transportés sont majoritairement des seniors, bien que soit récemment observée une tendance au rajeunissement des clients. L’offre de la croisière fluviale représente 53 paquebots en 2015 contre 46 unités en 2014, soit une évolution positive de + 15 %. Au total, le nombre de places à bord de ces bateaux a atteint 7 591 en 2015 contre 6 492 en 2014. La capacité moyenne est de 143 places en 2015 contre 141 en 2014. En nombre de passagers comme de bateaux, la filière de la croisière fluviale en France apparaît ainsi globalement positive au cours des dernières années. « Le bassin Rhône-Saône a été le pionnier dans le développement du produit croisière fluviale. La Seine connaît une progression importante depuis 3 ans », indique VNF dans le dossier de presse réalisé à l’occasion des Rencontres nationales du tourisme fluvial organisées les 2 et 3 février à Avignon.
En termes d’impacts économiques de la croisière fluviale en France, le rapport distingue ceux liés aux opérateurs estimés à 192,5 M€ en 2013, dont 86,88 pour le bassin Rhône-Saône, 59,059 pour Strasbourg, 42,183 pour la Seine et 4,476 pour le bassin aquitain. Viennent ensuite les impacts liés aux dépenses des passagers et du personnel embarqué pour un montant de 71,4 M€ en 2013 dont 35,996 pour Rhône-Saône, 23,268 pour la Seine, 8,579 pour Strasbourg et 3,575 pour le bassin aquitain. Au global, en 2013, les retombées économiques pour les territoires de la filière des paquebots fluviaux ont été évaluées à 265 M€ pour un chiffre d’affaires estimé à 400 M€ pour les compagnies exerçant en France.
Source: Voies navigables de France (VNF)
Les axes les plus fréquentés par les paquebots fluviaux
À l’échelle européenne, les circuits les plus vendus se trouvent sur les axes suivants:
– Le Rhin, le Main et la Moselle: les principales villes d’escale sont Strasbourg, Amsterdam, Cochem, Coblence, Rudesheim, Mannheim et Spire.
– Le Danube: les principales villes d’escale sont Passau, Linz, Melk, Vienne, Bratislava et Budapest.
En France, les itinéraires les plus empruntés sont:
– L’axe Rhône-Saône: doté d’exceptionnels atouts géographiques, cet itinéraire s’est construit un rayonnement touristique mondial en conjuguant nature et culture. En 2015, il y a eu 25 bateaux contre 24 en 2014.
– L’axe Seine (Honfleur — Rouen — Paris): véritable axe de développement touristique animé par de grands sites de renommée mondiale et nationale. En 2015, 20 bateaux ont navigué par rapport à 16 unités en 2014.
– Strasbourg: sa situation géographique lui permet d’être une tête de ligne privilégiée pour plusieurs compagnies: CroisiEurope, Global River Cruises, Scylla Tours, Viking River Cruises, etc., en partance sur le Rhin, le Main et le Danube. Selon le port autonome de Strasbourg, 70 à 80 bateaux font escale dans la capitale européenne.
– L’axe Garonne-Dordogne: destination en devenir, cet itinéraire aux multiples atouts culturels et gastronomiques a accueilli en 2011 son premier paquebot. En 2015, la flotte est passée à 6 unités contre 4 en 2014.
– Le Nord – Pas-de-Calais: 2 paquebots font escale de façon épisodique. Grâce à leur dimension transfrontalière, à leur réseau d’escales, au Louvre-Lens et au projet du canal Seine-Nord Europe, ce bassin pourrait s’offrir un avenir avec les bateaux de croisière.
– La Moselle est également un itinéraire possible de croisière. Ces dernières années, quelques paquebots y ont fait escale mais l’offre reste peu développée.
– La Loire a accueilli un paquebot de la compagnie CroisiEurope en 2015.