Un chantier épuisant

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Il faut quitter la capitale Panama City via la célèbre panaméricaine, passer le pont des Amériques et prendre la sortie de l’école d’aéronavale et du golf pour trouver Cocoli. Au fond, tout au fond, dans un des innombrables bâtiments provisoires restés là, l’ACP me fournit gilet jaune et casque de chantier avant de monter dans un 4x4 climatisé avec vitres teintées et chauffeur devant des barrières. Vérification des badges, du véhicule, des identités: le chantier est bien gardé. Une longue piste comme en plein désert, des engins partout, des dizaines de grues, le chantier des écluses de Cocoli apparaît.

Déjà 40 °C à l’ombre, et 90 % d’humidité. Les ouvriers sont recouverts de la tête aux pieds pour se protéger du soleil écrasant et de la poussière. Ils sont arrivés à cinq heures du matin, une heure avant le lever du jour, et repartiront à 17h, peut-être 18h. Mais déjà c’est mieux, le chantier s’arrête la nuit, maintenant.

Pour avoir un peu d’ombre, il leur faudra aller sous les pergolas. Dessous, une table en bois et une rangée de glaciaires que ces Panaméens viendront ouvrir pour leur seule heure de pause de la journée. Moises Samaniego, 44 ans, est fier de travailler ici depuis septembre 2007. « C’est important pour l’histoire de mon pays », assure ce père de trois enfants. Le béton coule encore dans des tranchées, des kilomètres de tuyaux attendent sur les quais des écluses. Les trois bassins de récupération d’eau de chaque chambre sont vides, blancs et nous éblouissent littéralement.

Des portes immenses et capricieuses

Des centaines de barrières en métal ou en bois nous protègent des bords des chambres, un vide de 49 m qu’une poignée d’hommes seulement ne cessent de franchir sur les hauts des portes dont on teste encore la façon de coulisser. Ces colosses de 4 000 t, fabriqués sur mesure, ne sont pas simples à manœuvrer. Ce ne sont plus des ouvriers mais des cadres qui sont dessus et se grattent la tête. Ils prennent des photos, passent des coups de fils, vont et viennent, discutent, regardent et recommencent. Les visages se ferment. On sent qu’ils cherchent à comprendre ce qu’il se passe mais ne savent pas quoi faire: cette dernière porte qui ouvre sur le Pacifique ne se ferme pas comme elle devrait.

Un ingénieur hydraulique de l’ACP me confie, lassé, qu’il n’est pas très rassuré par cette innovation. « C’est un système qui est bien, qui est utilisé ailleurs, en France par exemple. Mais ici c’est beaucoup plus grand, c’est sans précédent. Et avec la ligne de flottaison qui est haute, ça pose un problème de stabilité. » L’homme a 34 ans de maison et ne peut que garder l’anonymat. Il ne pourra d’ailleurs pas m’en dire plus, les deux personnes de l’ACP qui m’accompagnent sur le chantier ne sont jamais à plus de cinq mètres de moi.

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