Facture: 3,4 Md$ réclamés en plus

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Quand le consortium GUPC gagne l’appel d’offres, nul ne se fait d’illusion sur la raison principale de ce choix. Le projet est alors budgété à 3,2 Md$, alors que les deux autres concurrents proposent, eux, 4,3 Md$ pour les Asiatiques, et même 6 Md$ pour les Américains. Autre atout pour le GUPC, l’une des quatre entreprises qui compose ce nouveau consortium (c’est leur premier chantier ensemble) est panaméenne.

Le choix est fait lors d’une cérémonie publique le 8 juillet 2009, et les premiers ouvriers arrivent dès septembre. Déjà, il faut aller vite. En octobre, après seulement 30 jours de travail, l’Autorité du canal de Panama (ACP) demande des comptes. « Ils nous ont dit: sur les 1 833 jours de contrat prévu, vous devez avoir réalisé aujourd’hui 2 % du travail. Qu’en est-il? », raconte cet ingénieur européen qui a été choqué de la méthode et préfère rester anonyme.

Quatre cultures, quatre façons de penser

« Dès le début, nous avons eu différentes opinions sur ce contrat et il a été très difficile de trouver des accords », reconnaît Jan Kop, directeur de projet pour le Belge Jan de Nul. « L’ACP veut tellement être transparente qu’elle en est rigide. Si ce n’est pas écrit, on ne peut rien discuter. » Et les problèmes techniques ont commencé dès le début. « Ça a pris six mois pour que le GUPC se décide sur le type de ciment », s’étonne encore Ilya Espino de Marotta, la responsable technique du projet à l’ACP. « Et beaucoup plus de temps pour poser le ciment que ce qui était prévu. Le ciment est fait ici. Comme il y avait beaucoup d’acier, le mélange a été très difficile. Il a été amélioré petit à petit. Mais la pose s’est étalée de juin 2011 pour se terminer début 2015. »

Pour les Européens du consortium (l’entreprise espagnole Sacyr, porte-parole, l’Italienne Impregilo et la Belge Jan de Nul), le problème est culturel. « Lorsque nous rencontrons un problème, pour nous, la discussion doit porter sur comment résoudre ce problème. Et quelle décision alors prendre. C’est très simple. Mais ici, en Amérique latine, aucune décision n’est jamais prise. L’ACP attend, laisse le temps filer mais ne prends jamais de décision. C’est extrêmement difficile de travailler comme cela », concède Jan Kop. Sans compter que les Belges, les Italiens, les Espagnols et les Panaméens de Constructora Urbana n’ont pas toujours su trouver un seul point de vue collectif non plus.

Les recours en justice se sont ainsi accumulés, chaque partie interprétant le contrat à sa façon sans pouvoir s’entendre. « Nous avons aussi eu trois grèves et l’arrêt du chantier. Le GUPC avait besoin d’argent et a ainsi mis la pression sur le canal pour être payé plus rapidement », s’agace encore Ilya Espino de Marotta. Les augmentations de salaires ont été accordées, mais le GUPC n’a eu que 350 M$ de plus. Au total, le GUPC espère 3,4 Md$ supplémentaires. « Nous n’avons jamais eu cette intention de faire des procès, affirme Jan Kop. Mais l’ACP a payé pour une Mercedes et ils ont voulu une Porsche. Ils ne veulent pas du bon, ils veulent de l’excellent. » Les fameuses portes des écluses sont un des points centraux de discorde: il a fallu trois ans pour les élaborer et les acheminer.

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