Jour J

À l’heure où vous lirez ces lignes, nous serons à neuf jours de l’inauguration du nouveau canal de Panama. Après six ans de travaux, le consortium GUPC, mené par le groupe espagnol Sacyr, a finalement pu livrer l’ouvrage. Il aurait dû être inauguré en octobre 2014, soit 100 ans jour pour jour après l’inauguration de la nouvelle voie nord-sud entre les océans Atlantique et Pacifique. C’était sans compter les mouvements sociaux et des difficultés techniques mal estimées. Aujourd’hui, dans l’esprit des Panaméens, il ne reste qu’un mot d’ordre: « le hicemos » (nous l’avons fait). Une prouesse qui démontre de la volonté de s’adapter aux nouvelles conditions maritimes du monde. Avec des navires plus imposants chaque année, le Panama a voulu garder son rôle dans le commerce maritime international. Outre Atlantique, à l’approche de l’ouverture de ce canal, chaque pays, chaque port imagine son rôle dans cette nouvelle voie maritime. L’onde n’a pas encore atteint l’Europe qui semble s’enferrer dans sa certitude de demeurer un point nodal. En Europe, les opérateurs et surtout les gouvernements restent persuadés que les lignes Asie-Europe par le canal de Suez ne seront pas en concurrence avec celles opérant en est-ouest par le canal de Panama. Un point de vue qui peut encore tenir dans les conditions actuelles. Depuis le début de l’année, les taux de fret des conteneurs ont perdu 30 % entre l’Asie et l’Europe, indique une étude récente de Drewry. Plus au sud, ce nouveau canal fait résonner les tam-tams de la mondialisation sur le continent africain. Déjà certains imaginent des liaisons Asie-Caraïbes avec des transbordements par feeder vers l’Afrique. Si cette théorie se déclinait sur l’Europe, le Vieux Continent deviendrait une région feederisé des Caraïbes ou de l’Amérique centrale.