Le conventionnel renaît de ses cendres

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Jusqu’à la fin du xxe siècle, les marchandises sous température dirigée ont eu le choix entre utiliser des navires conventionnels avec des cales sous température dirigée ou des conteneurs branchés. Les habitudes des négociants ont fait leur chemin mais, au tournant du nouveau siècle, les navires conventionnels n’ont pu combattre la conteneurisation. L’ouverture de lignes depuis les ports d’exportation vers les lieux de consommation et les évolutions technologiques des conteneurs ont eu raison des navires conventionnels. Tant et si bien que la moitié de la flotte de navires conventionnels a été envoyée dans des chantiers de démolition, explique le consultant Dynamar dans son rapport sur le reefer publié en janvier. « Depuis le début du xxie siècle, les navires conventionnels reefer ont été démolis sans qu’aucune commande n’ait été passée. Dans le même temps, nous avons pu noter une augmentation du nombre de lignes conteneurisées offrant des connexions reefer sur des navires de plus en plus grands », souligne Dirk Visser, directeur général de Dynamar Consulting.

105,5 Mt transportées sous température dirigée

Le marché actuel du transport sous température dirigée par voie maritime est estimé aux environs de 105,5 Mt en 2015, indique Dynamar. Cela signifie que ces produits entrent pour 2,7 % du marché des marchandises sèches dans le monde. Au cours des dernières années, la croissance de ce marché se situe entre 4 % et 5 % selon les années. Il est prévu qu’il continue de progresser de 5 % jusqu’en 2025. Pour Dynamar, la croissance de la population dans les prochaines années sera un facteur de progression. Demain, la population sera encore plus friande de produits issus de marchandises fraîches.

Dans ce contexte d’un marché en croissance, l’offre et la demande de transport tentent de donner des perspectives pour l’avenir. Déjà dans le passé, les atermoiements du conventionnel ont modifié l’offre. Aujourd’hui, il est difficile pour les analystes de donner une estimation de ce que pourrait devenir l’offre de transport dans les prochaines années.

Selon Dynamar, la flotte de conventionnel devrait s’établir aux environs de 340 navires avec une capacité totale de 120 Mcft (cubic feet), soit une moyenne de 325 000 cft par navire.

Une part de marché de 26 %

Le marché s’est tourné et retourné sur les deux premières décennies du siècle. Après avoir disposé d’une part de marché de 60 % en 2000, les navires conventionnels sont tombés à une part de 26 %, selon le consultant néerlandais. Cette bataille entre conventionnel et conteneur sur les marchandises sous température dirigée semblait devoir se finir par un rapide knock-out du conventionnel. Dans son analyse publiée en janvier, Dynamar constate un renversement de situation et un regain d’intérêt des opérateurs pour les navires conventionnels. « Avec la baisse du prix du pétrole, de nombreux navires conventionnels reefer âgés et grands consommateurs de soutes sont redevenus compétitifs sur le marché. » Dès lors, la démolition de navires conventionnels a connu un arrêt. En 2015, Dynamar a recensé seulement cinq démolitions de navires dont trois au premier semestre. Un chiffre qui est descendu à un niveau équivalent à celui de 2007. Ainsi, en 2011, au plus fort de la progression de la conteneurisation, ce sont 65 navires conventionnels qui ont été envoyés à la démolition. Pour Dirk Visser, « en 2015, un retournement de situation est survenu avec la commande de 11 navires d’environ 350 000 cft ainsi que quatre, voire six navires conteneurisés purement dédiés au reefer. L’année 2015 apparaît donc comme un tournant dans l’histoire des marchandises sous température dirigée, d’abord avec ce changement d’orientation du marché, ensuite avec des plus petits lots commercialisés, ce qui implique une demande de navires de plus petite taille ».

Cette tendance vers des navires plus petits se matérialise au travers de compagnies comme Seatrade Chartering. L’armement néerlandais a commandé quatre navires de 2 200 EVP avec une option sur quatre de plus. Une commande qui s’inscrit dans le renouvellement de la flotte de l’armement. « Cette nouvelle flotte de Seatrade sera entièrement dédiée à des conteneurs reefer. Ils pourront emporter des lots entiers avec des connexions sur les 770 prises en chargeant des conteneurs de 40’. » Avec ce programme de renouvellement de la flotte, Seatrade disposera à la fin de la décennie d’une vingtaine de navires conteneurisés dédiés au reefer, mais aussi de 86 navires conventionnels dont 54 seront à classer parmi les plus importants du monde avec une capacité de 450 000 cft à 650 000 cft.

Les nouvelles commandes des navires conventionnels sont dimensionnées par rapport au marché. Avec un tirant d’eau de 9,2 m et une vitesse de 20 nœuds, ces navires disposent de toutes les caractéristiques navales pour desservir les ports des régions productrices.

Si la conteneurisation peut encore espérer garder ou conquérir de nouvelles parts de marché sur les produits sous température dirigée, il existe un domaine dans lequel le conventionnel devrait garder son ascendant, c’est les marchandises congelées. Ces trafics dédiés au transport de viande ou de poisson deviennent un véritable marché pour des pays en voie de développement. Les analystes envisagent une croissance de ce type de navires pour les prochaines années.

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