La crue a provoqué l’arrêt total de l’activité et de l’exploitation sur la Seine pendant plus de dix jours. Le retour à la normale prendra du temps, selon Didier Léandri, président du Comité des armateurs fluviaux (CAF), les travaux de remise en état des bateaux, des quais, des infrastructures et des réseaux étant importants. Il souligne que pour les PME et TPE qui forment l’essentiel des entreprises du secteur fluvial, cet épisode de crue a été « un coup de grâce ».
Marc Papinutti, directeur général de Voies navigables de France (VNF), précise que les réparations nécessiteront 10 M€, notamment sur les ouvrages au canal de Briare, à Montargis, Nemours et Melun. Il se félicite néanmoins d’une « bonne anticipation sur Paris » avec l’abaissement des barrages et d’un « bon travail sur les amarrages » qui a permis d’éviter les accidents. Il annonce, à l’intention des armateurs, un geste commercial sur les péages. Antoine Berbain, directeur général d’Haropa Ports de Paris, rappelle que la priorité a été de nettoyer les boues, mais aussi de sécuriser les quais pour les usagers. Lui aussi annonce que le prochain conseil d’administration étudiera des mesures d’accompagnement économique pour soutenir la filière fluviale durement affectée. Cette attention est portée également à l’échelle de la Ville de Paris, de la Région Ile-de-France et à celle du secrétariat d’État au Transports représenté par François Lambert qui se félicite de la participation du secteur du transport aux réunions de la cellule de continuité économique (CCE).
Des conséquences difficiles à évaluer
La crue a eu de lourdes conséquences, qui sont dans l’immédiat plus faciles à évaluer sur le tourisme fluvial intra-muros. Il n’en reste pas moins que le préjudice est important pour le fret sur la Seine. Didier Léandri et Antoine Berbain rappellent que le secteur du BTP a été particulièrement affecté avec l’immersion des centrales à béton, et l’arrêt pendant 15 jours des sites de production de granulats alluvionnaires en Seine amont. La Seine aval est cependant restée ouverte à la navigation, avec des restrictions (deux hauteurs de conteneurs sur les bateaux circulant entre Le Havre et Gennevilliers, au lieu de quatre habituellement). Les artisans bateliers, notamment sur le vrac céréalier entre Nogent-sur-Marne et Rouen, ont aussi subi l’arrêt temporaire de leur activité.
La profession a demandé aux autorités le déblocage d’une enveloppe exceptionnelle d’aide directe dans le cadre du Fonds de prévention des risques naturels majeurs. Les transporteurs fluviaux se disent inquiets des dégâts sur le réseau. Dans un courrier adressé le 7 juin à Ségolène Royal, ministre de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer, chargée des Relations internationales sur le climat, la Chambre nationale de la batellerie artisanale (CNBA), en particulier, souligne que « l’étendue des dégâts reste pour l’heure inconnue mais pourrait être sans précédent et nécessiter d’importants travaux de remise en état, et ainsi reporter d’autant un retour à la normale de l’activité fluviale. La réouverture progressive à la navigation pourrait en effet s’étaler sur plusieurs semaines, voire, sur certains réseaux, sur plusieurs mois ».