C’est au départ un pari avec un copain qui la mettait au défi d’être reçue au concours d’entrée à l’école de la marine marchande. Il n’en fallait pas plus pour qu’Isabelle Layani se lance dans l’aventure. Avec succès. C’était en 2005 et la promotion comptait dix femmes pour 90 garçons. Elle a alors suivi le parcours habituel des futurs officiers de la marine marchande, effectuant son premier embarquement sur le CMA-CGM-Berlioz, un porte-conteneurs de 6 627 EVP effectuant la liaison France-Asie. Un embarquement plein d’enseignements. Sur le métier, bien sûr, mais aussi sur les marins, leurs habitudes. Isabelle était la seule femme d’un équipage franco-roumain, avec à bord les dragueurs, agréables ou pas, un cuisinier un peu bizarre, tout un monde à découvrir à 18 ans.
« La machine, j’aime bien »
Second embarquement sur le Girolata, avec trois autres filles, deux lieutenants et un mécanicien, qui lui apprennent à se comporter avec les collègues un peu « collants ». Elle travaille à la machine entre la Corse et Marseille, un bon souvenir. « La machine, j’aime bien. Avoir quelque chose à faire, mettre les mains dedans », dit-elle.
Son examen validé en 2008, elle embarque alors sur le Rara-Avis et le Bel-Espoir, les navires du Père Jaouen, avant de poser son sac sur le Lodbrog, un câblier de Dreyfus. Après un passage sur le Molière de SeaFrance puis 3e mécanicien sur l’Atalante de Génavire, retour 18 mois sur le Lodbrog avant de repartir à l’école pour obtenir son diplôme d’enseignement supérieur de la marine marchande et pouvoir accéder à la place de second.
Son arrivée sur l’Abeille-Bourbon a comblé Isabelle Layani, toujours prête à « crocher dedans ». À peine embarquée, c’est tout d’abord le remorquage du Koningsborg, un cargo en avarie de moteur, en train de perdre sa pontée de bois scié: 40 nœuds de vent, 5 m de creux, pour un début, c’est musclé. Isabelle est épatée par l’équipage du remorqueur qui monte sur le cargo « capeler une remorque ».
Deux semaines après, un autre cargo, le Buse-Trio, fait appel à l’Abeille-Bourbon. Puis ce sera le Modern-Express. Un départ « en avant toute » qui n’est pas pour lui déplaire. Quant au reste de sa carrière, rien n’est encore fixé. Isabelle, pour le moment, préfère « naviguer à vue ».