Rarement la rade de Fos n’avait enregistré autant de navires sur rade. Une situation qui rappelle les heures sombres d’avant la réforme. Le 2 juin, 35 navires planchaient au large en espérant la réouverture des terminaux pétroliers de Fluxel, paralysés depuis le 23 mai. Trois gaziers destinés au terminal du Cavaou ont rebroussé chemin, entraînant de lourdes pertes financières pour le port, chaque escale représentant entre 70 000 € et 80 000 € de droits de port. Sans compter le danger potentiel que constitue une telle concentration de chimiquiers, pétroliers et gaziers. Quelques porte-conteneurs ont également sauté l’escale. Les navires ont été détournés vers Savone et Naples.
« Nous passons à nouveau une période difficile avec un contexte social très tendu. Des grèves qui nous touchent à tous les niveaux, une lassitude, une incompréhension surtout dans une période ou l’activité redémarre. Nos entreprises sont menacées: perte de chiffre d’affaires, marchandises qui ne sont pas au rendez-vous avec le navire, perte de confiance et une image ternie des ports français à l’international. Sans parler des difficultés des salariés à assurer leur travail dans des conditions normales. Après trois ans de conflits sociaux, de 2008 à 2011, pour la mise en place de la réforme portuaire, nous pouvions penser qu’une page avait été tournée par la CGT. […] Force et de constater que ce n’est pas le cas », a indiqué, le 2 juin, Amal Louis, chef de ligne chez Marfret et présidente de l’association des agents et consignataires de navires de Marseille-Fos.
Excédés, les chefs d’entreprises, fédérés au sein de l’UPE 13 des Bouches-du-Rhône, ont lancé le 3 juin un appel au gouvernement pour rétablir la circulation maritime: « Nous demandons à l’État, au nom de la préservation de la liberté et de la sécurité, au nom des personnels non grévistes et de leurs familles, au nom des entreprises et des consommateurs la levée immédiate de ces blocages ».
Prise d’otage et capacité de nuisance
« En paralysant l’opérateur unique Fluxel, une poignée de grévistes prend en otage une filière tout entière. Les entreprises de ce secteur d’activité sont en train de mourir (agents maritimes, transports de matières dangereuses, sociétés de gardiennage…) par la capacité de nuisance d’une catégorie de personnels protégés », précise l’Union pour les entreprises.