La situation exceptionnelle de crue de la Seine, de la Marne, de l’Yonne et du Loing entre fin mai et début juin a des conséquences lourdes sur les activités du transport fluvial, des ports et des filières industrielles et touristiques qui en dépendent, indique un communiqué d’Haropa-Ports de Paris diffusé le 6 juin. Si la décrue est engagée, le retour à la normale et la reprise des activités seront longs car ils dépendent de nombreux facteurs d’exploitation, pour certains déjà connus, pour d’autres qui apparaissent au fur et à mesure du retrait des eaux: état des bateaux, des quais, des installations logistiques et des réseaux, note un communiqué du Comité des armateurs fluviaux (CAF) du même jour.
Des conséquences en cours d’évaluation
L’interruption des activités pendant la crue et les dégâts matériels sur les installations flottantes ou fixes ont des conséquences économiques en cours d’évaluation pour chaque filière, notamment celles du tourisme, de la logistique ou du BTP. « Le préjudice est constaté jour après jour, explique Didier Léandri, président du CAF. Une évaluation n’est pas possible facilement pour le transport fluvial. » Le montant du préjudice d’exploitation va continuer d’augmenter tant que les entreprises ne pourront pas reprendre leur activité dans des conditions normales. Pour le tourisme fluvial, le calcul est plus aisé en se fondant sur son activité élevée à cette période de l’année avec près de 100 000 passagers par jour. Selon le CAF, le préjudice d’exploitation – à supposer une reprise pleine et entière de l’activité dans les 15 jours soit d’ici au 20 juin – s’établirait à près de 10 M€. « Ce risque n’est pas couvert par les assurances même si l’état de catastrophe naturelle est déclaré », continue le CAF.
C’est la raison pour laquelle la profession fluviale a demandé au gouvernement le déblocage d’une enveloppe exceptionnelle d’aide directe aux entreprises dans le cadre du Fonds de prévention des risques naturels majeurs. Comme ce secteur n’est pas prévu dans les critères de ce fonds, la décision appartient aux ministres des Finances et de l’Économie, même si le secrétaire d’État aux Transports a accueilli favorablement la demande. Le secteur pourrait être intégré dans un lot d’indemnisation des agriculteurs.
Des filières industrielles en difficulté
La filière industrielle des matériaux et granulats est très perturbée suite à la crue exceptionnelle de la Seine, explique Bruno Huvelin, président de l’Unicem Ile-de-France. En aval, la crue n’est pas encore terminée et perturbe la production/extraction. En amont, celle-ci n’a pas encore repris. L’arrêt de la navigation a perturbé la livraison des matériaux et granulats dont environ 40 000 t/j sont transportées sur la Seine à destination de Paris. Des camions ont été utilisés au lieu de la voie fluviale. Du côté des clients de cette filière, les centrales à béton ont aussi connu d’importantes difficultés de fonctionnement, voire un arrêt total de l’activité. Celle-ci est en cours de reprise mais le problème de la livraison des matériaux et granulats demeure. « Une autre difficulté porte sur le transport des déblais qui constituent les flux retour une fois les matériaux et granulats livrés en flux aller », poursuit Bruno Huvelin. Là aussi, les camions ont été utilisés au lieu de la voie fluviale. Le Comité des armateurs fluviaux et Haropa-Ports de Paris indiquent au total « près de 70 sites industriels concernés » par l’épisode de crue.
En plus de la filière des matériaux et granulats et des centrales à béton, il faut citer les sites de traitement et de valorisation des déchets puisque les incinérateurs ne sont plus alimentés par voie d’eau, ou le marché des exportations de céréales puisque les trafics de transit en provenance de Seine amont sont interrompus. La logistique urbaine fluviale du site Franprix est interrompue car le port de la Bourdonnais est envahi par l’eau, ce qui entraîne la circulation de 40 camions supplémentaires dans la capitale.