Des blocages et des grèves qui font réagir au Havre

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À l’Union maritime et portuaire du Havre (Umep), on ne cesse de dénoncer ce que Michel Segain, son président, nomme une grève « destructrice ». Le responsable estime que ce conflit décrédibilise les actions menées par le passé, comme la création récente d’une nouvelle fédération (FCPAS) représentant les professionnels des places portuaires de l’axe Seine. L’instance patronale rappelle que ces derniers mois, les mouvements sociaux se sont traduits par plus d’une douzaine d’arrêts paralysant l’activité portuaire. Michel Segain souhaite par ailleurs chiffrer dans un avenir proche les effets financiers du mouvement sur la ville et sur le port « L’Umep est alertée de façon de plus en plus pressante par ses adhérents représentant les compagnies maritimes et les intérêts marchandises, par le biais des exportateurs et importateurs, sur les effets désastreux de ces mouvements », explique également l’Umep dans un communiqué. Selon ses premières estimations, près de 10 % des volumes ont été déroutés vers des ports concurrents. « La confiance patiemment regagnée année après année depuis 2011 a de nouveau été perdue en quelques jours de blocage », déplore l’Umep. Michel Segain indique que depuis 2012, Le Havre a réussi à reconquérir des parts de marché sur les trafics des ports nord-européens, des parts à nouveau perdues aujourd’hui à cause du conflit. L’Umep se demande combien d’années il faudra pour rétablir une confiance patiemment acquise.

Maintenir le service aux clients

Dans un conflit qui perdure, la filière logistique au Havre tente elle aussi d’assurer à ses clients, chargeurs, transitaires ou encore groupeurs internationaux une continuité de services. Richard Froumentin, responsable du Club logistique du Havre et dirigeant de Cargonet, cite le cas de salariés démarrant leur journée avant la mise en place des barrages, rejoignant parfois leurs entreprises en vélo ou à pied. « Cette volonté de nos salariés de maintenir le service à nos clients a pour l’instant limité l’évacuation des flux logistiques vers le port d’Anvers. L’ensemble de nos partenaires transporteurs et transitaires ont été présents autour de nous dans le même esprit », se félicite le responsable. Cette mobilisation a permis aux logisticiens de maintenir leur niveau de services en limitant les impacts. Richard Froumentin cite l’exemple de l’entreprise XPlog qui, en instaurant un système en 3x8 sur une semaine, a pu rattraper des milliers de lignes de commande de retard pour un client dans le domaine du textile. « L’impact a plus affecté les activités de dépotage et d’empotage de conteneurs à l’import et à l’export. Mais dans les entrepôts de la place havraise, nous avons la chance d’avoir également développé des prestations à forte valeur ajoutée. Ces opérations de type gestion de stocks, reconditionnement, préparation de commandes peuvent se dérouler normalement, qu’il y ait des flux ou non sur le port. Certaines activités ont également été réorientées. »

Au global, le président du Club logistique du Havre constate une baisse d’activité de l’ordre de 10 % à 30 % selon la taille des entreprises et des entrepôts. « Dans les cas extrêmes et pour ceux qui développent des activités d’empotage et de dépotage, cette baisse d’activité peut aller jusqu’à 50 % », précise-t-il. « Nous avons beaucoup communiqué auprès de nos clients. Dans certaines entreprises, les horaires ont été aménagés pour trouver des solutions à certaines problématiques. Les transporteurs routiers eux-mêmes ont fait preuve de beaucoup de souplesse. Parfois, la marchandise a été évacuée de nuit », ajoute Richard Froumentin.

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