Après Lyon, Saint-Martin-du-Crau près de Marseille et Toulouse, Le Havre a constitué la quatrième étape de ce tour de France. Dans ce cadre, deux tables rondes ont été organisées dans les locaux de la CCI Seine Estuaire en présence de nombreux acteurs de la filière. L’une a porté sur la logistique portuaire, atout compétitif d’un territoire. La seconde a abordé la stratégie de développement de la vallée de la Seine nécessitant une coproduction public/ privé pour faire de la multimodalité une réalité. En préambule, Claude Samson, le président d’Afrilog, a rappelé que le secteur de la logistique en France était aujourd’hui le cinquième contributeur du PIB et qu’il représentait 1,8 million d’emplois. « Malheureusement, ce secteur n’est pas reconnu à sa juste valeur. Par ailleurs, les acteurs de la logistique portuaire n’ont pas toujours conscience de ce qui se passe chez les acteurs de la logistique qui travaillent en amont, et vice versa », déplore-t-il au passage. Autre problématique qui se pose selon lui, celle de l’intermodalité sur la vallée de la Seine. Hervé Martel, le président du directoire du Grand port maritime du Havre (GPMH), a quant à lui expliqué qu’il fallait de plus en plus travailler en amont pour anticiper les besoins des clients. Haropa Port du Havre dispose aujourd’hui de 250 ha de foncier pour répondre aux demandes.
Un PLPN3 déjà programmé
Le Parc logistique du Pont de Normandie 2 (PLPN2), qui s’étend sur 59 ha, a reçu ses autorisations administratives début 2015 et des protocoles de réservation ont été signés. Fin 2016, les premiers entrepôts devraient sortir de terre. Un PLPN3 de 60 ha est d’ores et déjà programmé à proximité de la plate-forme multimodale. Le parc logistique de Port 2000 s’étend sur 60 ha et le parc frigo sur 35 ha. Au total, le GPMH a injecté près de 400 M€. « Un entrepôt portuaire, ce n’est pas seulement de l’empotage et du dépotage. Il faut également être visible au niveau national et international pour être une alternative aux ports nord-européens. La logistique, c’est 2 600 emplois sur le bassin havrais. Et la courbe a progressé de 25 % au cours de ces dernières années », indique Hervé Martel. Gilles Gautheret, responsable du développement commercial chez Katoen Natie, a rappelé que l’entreprise avait « tout de suite cru au fort tissu industriel présent sur le territoire havrais. » Le logisticien investit lourdement à chaque fois, puisque la plupart du temps il est propriétaire des terrains et des entrepôts. Christophe Bouthors, directeur général de Panhard Groupe, souligne quant à lui que Panhard a été moteur dans l’évolution de la taille des bâtiments qui peuvent s’étendre aujourd’hui de 20 000 m2 à 50 000 m2 et même pour certains sur 100 000 m2.
Un territoire historique
« L’Ile-de-France est un territoire historique, mais c’est aussi un territoire qui a de plus en plus de difficultés à développer des projets logistiques à cause d’un manque de foncier et d’un problème de coût. Le Havre, qui est aux portes de Paris, dispose de ce foncier. Et Haropa constitue aujourd’hui un ensemble portuaire performant », ajoute-t-il. D’une manière générale, les professionnels regrettent l’insuffisance criante du réseau ferroviaire dédié au fret, un mal structurel qui pénalise les logisticiens pour gagner des parts de marché au-delà de l’Ile-de-France. Le préfet délégué à la vallée de la Seine, François Philizot, admet d’ailleurs que les ports français n’ont pas le rang que leur qualité nautique leur permettrait d’avoir. « Nous avons manqué d’une stratégie portuaire et d’une stratégie territoriale intégrée pendant très longtemps. Aujourd’hui, on y arrive. » Pour lui, il est nécessaire que la vallée de la Seine devienne rapidement le premier ensemble logistique français, et que cet ensemble constitue un véritable « système ».