Tout ça pour ça

Les mouvements sociaux de ces derniers jours sont inquiétants à plus d’un titre. La France se paralyse petit à petit. Les raffineries, les ports, les transports sont l’objet de blocages par les syndicats. Depuis la réforme de 2008, les mouvements sociaux dans les ports maritimes se sont largement estompés. Mieux, la confiance retrouvée, les armateurs ont pris le cap du retour, à l’image d’Evergreen récemment à Marseille après plusieurs années d’absence. En reprenant le chemin de la lutte, les syndicats portuaires risquent de mettre un coup d’arrêt aux performances réalisées au cours de ces dernières années. Or les effets de la loi Travail – à l’origine de ces contestations – sur les salariés des ports ne sont pas certains. Il faut voir ce mouvement dans les ports comme celui de la solidarité avec tous les salariés de France. En cela nous pouvons le comprendre. Peut-on admettre que les efforts entrepris depuis des années soient balayés d’un revers de la main par ces blocages? Encore une fois, tout est question de justesse dans les propos. Certes, les ports français sont au ralenti, et cela transpire dans la presse maritime internationale de Shanghai à New York en passant par Dakar. Dans le même temps, les préavis de grèves au Portugal ou en Grèce ne défrayent pas la chronique. Lors de chaque épisode social en France, chaque partie tente d’en faire un cataclysme, mais l’état social du pays n’est pas pire que celui de nos voisins belges, allemands, italiens, espagnols ou britanniques. Et si la solution venait du gouvernement, en acceptant simplement de se remettre autour de la table avec les parties prenantes à la loi Travail pour examiner les tenants et aboutissants de ce mouvement? Tout ça pour ça.