La première visite à Marseille d’un président de l’Office des transports de la Corse (OTC) n’est pas passée inaperçue. Jean-Félix Acquaviva, nationaliste modéré, a confirmé le 25 avril aux acteurs locaux, inquiets par l’érosion des trafics passagers (-14 % au premier trimestre), le rôle central du port de Marseille dans la future desserte maritime de la Corse. « Dans les obligations de service public, nous avons choisi Marseille comme port d’attache. Nous voulons créer les conditions d’un rapport gagnant-gagnant, consolider notre relation », a-t-il indiqué à Jacques Pfister, président de la Chambre de commerce, Johan Bencivenga, président de l’Union pour les entreprises des Bouches-du-Rhône, Jean-Philippe Salducci, président de l’Union maritime et fluviale et Christine Cabau Woehrel, présidente du directoire du Grand port maritime de Marseille.
Récupérer l’actif naval de la SNCM
Jean-Félix Acquaviva ne se contentera pas de financer l’exploitation des lignes continent-Corse. « Nous n’avons jamais caché notre intention de participer à une société d’exploitation. La compagnie régionale permettra de sécuriser le dispositif », fait-il valoir.
En ligne de mire, l’ex-SNCM dont il entend récupérer l’actif naval au titre de l’article 40 de la convention de délégation de service public, quitte à agir en justice si Corsica Linea refusait. « Nous avons versé 431 M€ à la SNCM entre 2002 et 2015, et 1,3 Md€ depuis 1986. Les navires seront la propriété de l’autorité délégante. Soit nous discutons de gré à gré, soit nous allons devant le tribunal administratif », a-t-il prévenu alors que la cession de MCM à Corsica Linea vient de faire l’objet d’un recours en annulation par les salariés du comité d’entreprise. Le tribunal de commerce de Marseille examinera le dossier le 18 mai.
« La Collectivité, un mauvais patron »
Jean-Félix Acquaviva entend aller plus loin que ses prédécesseurs, en positionnant la Collectivité au cœur du futur système. Une promesse électorale que la nouvelle mandature entend tenir. Après l’échec et les errances de la compagnie nationale, l’ombre de la compagnie régionale est loin de faire l’unanimité dans les rangs de l’Assemblée de Corse. À commencer par Paul-Marie Bartoli, ancien président de l’OTC: « Si on créait une compagnie régionale, on substituerait l’État, mauvais patron, par la Collectivité territoriale de Corse qui serait également un mauvais patron, avec des tensions terribles. Une compagnie publique d’exploitation serait terrible », a confié à France 3 ViaStella le conseiller territorial appartenant au groupe Prima a Corsica.