Le regroupement de Saga Forest et de Westfal-Larsen en octobre 2014 a bouleversé la donne. Désormais, Saga Welco, union entre les deux opérateurs, affiche une flotte de 52 navires avec plus de 2,5 Mtpl de capacité. Les flottes des différents opérateurs ont pour leur part évolué dans les deux sens, à l’exception de Gearbulk qui se stabilise avec 48 navires pour une capacité de 2,3 Mtpl.
Des gagnants et des perdants
L’augmentation de la flotte la plus importante entre 2013 et 2016 revient à Thorco Shipping. Le groupe a mené un programme de renouvellement pour posséder une flotte jeune. En décembre, il a aussi repris les navires de Safmarine MPV, qu’il a aussitôt affrété à Safmarine. Depuis lors, Safmarine MPV a jeté l’éponge et a cédé l’ensemble de ses activités conventionnelles à Nile Dutch Africa Line. La particularité de Thorco est de disposer d’une flotte nombreuse, avec des navires allant de 7 500 à 19 500 tpl.
De son côté, Swire Shipping, qui appartient au groupe China Navigation Company, a vu sa flotte augmenter de 61 % en capacité, à 623 700 tpl. Opérant aussi bien dans la conteneurisation que dans les vracs et le conventionnel, Swire Shipping a mené une stratégie de croissance organique en commandant de nouveaux navires de 22 000 tpl à 31 000 tpl.
Grieg Star a vu sa flotte augmenter de 29 %, à 1,4 Mtpl, en ajoutant quatre navires de plus qu’en 2013. L’armement basé à Bergen mène un programme de rajeunissement de sa flotte, aujourd’hui à 13 ans de moyenne d’âge. Au cours des dernières années, BBC Chartering a augmenté le nombre de ses navires, ainsi que sa capacité. Le groupe occupe la première place en nombre d’unités, 158 pour 1,8 Mtpl. Sa stratégie a toujours été basée sur la fourniture de navires de toutes tailles pour se plier aux exigences des clients. Ainsi, la compagnie est désormais présente dans de nombreux secteurs d’activité, allant des projets industriels aux projets miniers ou pétroliers.
Dernier armement à avoir vu sa flotte augmenter, Chipolbrok a acquis un navire de plus qui lui permet de progresser de 6,7 % en capacité, à 490 600 tpl.
Du côté des perdants, Clipper Projects, Macs, Spliethoff et Intermarine-Scantrans ont vu leur flotte se réduire. Clipper Projects en dédie une grande partie avec des partenariats pour l’industrie de l’acier. Le ralentissement de cette production dans le monde joue sur sa flotte. Le groupe Spliethoff comprend aussi dans son giron l’armement néerlandais BigLift Shipping. En addition nant les deux flottes, il dispose de 57 navires pour une flotte de 888 312 tpl. D’autres opérateurs, avec une flotte de plus petite taille, jouent aussi un rôle important sur le marché du conventionnel. Ainsi, des opérateurs comme Bocs, Bremen Overseas Chartering and Shipping, se sont fait une spécialité des marchés de niche. En effet, le groupe familial allemand a conçu des navires pour la desserte de l’Afrique de l’Ouest. Les cinq unités sous contrôle permettent de desservir l’ensemble des ports de la côte Ouest, en offrant des tirants d’eau adaptés à ces ports.
L’éolien, un marché d’avenir
Si la flotte des navires opérant principalement dans le marché du conventionnel tend à s’accroître ces dernières années en global, une nouvelle génération de navires pourrait faire son apparition dans le secteur. Avec le développement de l’éolien offshore, des armateurs réfléchissent actuellement à construire des navires spécifiquement dédiés à ce marché. Ils pourraient ainsi directement desservir les fermes d’éoliennes avec les mâts et les pales. Si le pari est risqué sur le long terme, il peut offrir des débouchés, et notamment avec la volonté des gouvernements européens, américains et asiatiques de développer les énergies renouvelables. « Il faut concevoir un navire qui soit spécifiquement adapté à ce marché, sans pour autant être trop spécialisé pour ne pas être dépendant de ce seul marché. Flexibilité et spécialité doivent se combiner », nous a indiqué une source.
Il reste que, pour certains analystes, avec la concurrence ardue de la conteneurisation des navires Handysize, les regroupements, soit sous forme de pool de gestion de navires soit par acquisitions, pourraient bien changer la donne dans les années à venir. Et le regroupement entre Saga Forest et Westfal-Larsen, en octobre 2014, pourrait être la première marche vers d’autres unions.