La carte du sur-mesure

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« La tendance forte et irréversible à la conteneurisation réduit d’année en année la part du conventionnel », rappelle Olivier Ferrand, directeur de la stratégie et du développement d’Haropa. Ces 755 000 t de conventionnel pèsent en effet moins de 1 % du total global d’Haropa (91 Mt). « C’est un trafic marginal si l’on raisonne en tonnages, mais ces différents trafics sont générateurs de valeur ajoutée importante et d’emplois », souligne-t-il. Les dirigeants d’Haropa mettent en avant « l’atout » de proposer aux clients une offre complète, allant du traitement de conteneurs intercontinentaux à la manutention de colis lourds. « À Haropa, tout est possible », s’enthousiasme le directeur du développement. « Nous savons traiter une grande diversité de trafics et nous sommes en mesure d’accueillir tous les types de navires pour le transport de marchandises en mode conventionnel: des cargos reefers qui transportent des produits surgelés palettisés, des navires vrac/conventionnel et des porte-conteneurs qui emportent du conventionnel. »

Un savoir-faire sur mesure

Les trafics forestiers appartiennent à des univers très différents et concernent essentiellement le port de Rouen qui a le savoir-faire d’un « port du sur-mesure », comme le note Véronique Saint-Denis, en charge des produits papetiers, des bois et des produits métallurgiques à Haropa.

La pâte à papier se maintient à 254 000 t. Il s’agit d’importations pour les fabricants de l’hinterland du port de Rouen, le plus important étant le groupe Arjowiggins, client historique. Double A, installé à Alizay (Eure), importe aussi de la pâte à papier (Amérique du Sud, Amérique du Nord, Espagne, etc.) pour fabriquer du papier de bureau. En 2013, ce groupe thaïlandais a racheté la papeterie M-Real d’Alizay et signé sa première implantation en Europe. Dans la foulée, il avait annoncé le rachat de l’unité de pâte à papier située dans l’enceinte de l’usine, dans le but de fabriquer lui-même sa propre pâte à partir de copeaux de bois d’eucalyptus importés de Thaïlande. Cette relance, très attendue, est soumise à la décision du conseil d’administration de Double A.

En ce qui concerne le bois, 156 578 t ont été déchargées en 2015, en recul par rapport à 2014 (183 560 t). Les bois en provenance de Finlande (pour 60 %) et de Russie (pour 30 %) sont, pour l’essentiel, traités à Honfleur, à son terminal spécialisé opéré par Sea Invest. Ils sont destinés au secteur du bâtiment et à l’industrie de transformation (meubles, huisserie).

Une baisse liée à l’usine de Tarente

Les produits métallurgiques plats (152 834 t) accusent une baisse significative par rapport à 2014 (210 846 t). Il s’agit de bobines (coils) réceptionnées à Saint-Wandrille (entre Rouen et Le Havre), destinées notamment à l’industrie automobile et importés de l’aciérie italienne de Tarente. Cette usine étant en difficulté, les autorités italiennes ont décidé une nationalisation temporaire et une remise aux normes environnementales de ce pôle sidérurgique majeur. Le terminal Euroports de Rouen-Quevilly décharge par ailleurs des aciers plats fabriqués en Grande-Bretagne par Tata Steel et destinés aux emballages métalliques du type cannettes.

Avec des volumes plus modestes, les produits métallurgiques longs (49 000 t) enregistrent une forte progression (+ 57 %) par rapport à 2014. Pour l’essentiel, ce sont des ronds à béton utilisés dans l’industrie de la construction. Ces armatures métalliques sont acheminées par barge de la région parisienne et repartent par mer vers le Moyen-Orient, la Turquie et l’Algérie.

L’usine Vallourec de Déville-lès-Rouen fournit également des produits longs: des tubes en acier sans soudure destinés à l’export (puits de pétrole de la mer du Nord et du Moyen-Orient). Mais l’usine et le groupe sont actuellement en cours de restructuration. Vallourec est en effet contraint d’adapter son dispositif industriel à la chute des cours du pétrole qui conduit à la baisse d’équipement des industries pétrolières et gazières.

1 800 colis lourds en 2015

Dans le secteur agroalimentaire, la sacherie (sacs et big bags de farine, sucre et engrais) totalise 48 500 t en 2015 contre 67 700 en 2014. Dans ce secteur, le mode conventionnel ne pèse pas lourd, rapporté au tonnage total de 10 Mt de céréales et d’engrais traités en 2015. On note que les farines en sac poursuivent leur baisse. L’explication est en partie du côté de l’Afrique de l’Ouest qui en achète moins à Rouen. « La meunerie s’est développée sur la côte Ouest de l’Afrique, ce qui explique pour partie la diminution », observe Olivier Ferrand.

Avec 5 colis exceptionnels par jour et 1 800 colis lourds traités en 2015 (la moitié au Havre, la moitié à Rouen), Haropa continue de revendiquer la place de leader français des colis lourds. « Nous disposons d’un savoir-faire reconnu, dans un secteur où le droit à l’erreur n’existe pas », explique le directeur stratégie et développement, mettant aussi en avant la qualité de « l’outillage sur mesure » d’Haropa, notamment une bigue terrestre de 650 t au Havre. « Sur l’axe Seine, Haropa dispose de 27 postes pour colis lourds exceptionnels, auxquels s’ajoutent les postes des ports partenaires de Gron, Nogent-sur-Seine, etc., ce qui nous permet de toucher un vaste hinterland en mode fluvial. » Ces colis lourds concernent les matériels de chantier et engins divers, des éléments d’éoliennes terrestres (pales, mâts et nacelles) pour les groupes Vestas et Gamesa, des équipements pour l’usine Flexi France (Technip) du Trait, près de Rouen, ainsi que des voiliers pour Jeanneau et Beneteau.

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