De son côté, Petrobras, l’un des anciens fleurons de l’économie nationale, est embourbé dans un vaste scandale de corruption, dont les répercussions atteignent l’industrie navale de plein fouet. Ces incertitudes d’ordre politique et économique ont fini par créer une crise de confiance, notamment auprès des acteurs logistiques et portuaires. Le secteur, qui devrait être dopé par la nouvelle Loi des ports publiée en 2013, par les renouvellements anticipés de concessions et les lots de nouvelles concessions portuaires, se retrouve boudé par certains investisseurs. Pour preuve, les appels d’offres pour six concessions portuaires dans l’État du Pará. Ces derniers, qui devaient être lancés fin mars, ont finalement été reportés au 9 juin. Si le gouvernement a prétexté des défaillances techniques pour expliquer cet ajournement, la raison officieuse serait le manque d’intérêt des investisseurs.
Facteurs dissuasifs
Les spécialistes se montrent d’ailleurs inquiets, craignant que la compétitivité logistique et portuaire ne s’en trouve affectée. Wilen Manteli, président de l’Association brésilienne des terminaux portuaires (ABTP), estime que l’incertitude juridique, les remous politiques ou encore l’insertion de clauses restrictives dans les appels d’offres (en termes de profit ou d’activité) sont autant de facteurs dissuasifs. « Cette situation peut retarder encore plus les choses, à un moment où il ne faudrait pas perdre de temps. De plus, nous perdons certainement de la compétitivité sur le marché en raison de chantiers d’infrastructure suspendus », a-t-il déclaré au journal A Tribuna. Pour Paulo Resende, coordinateur de la Fundação Dom Cabral, les conséquences sont triples: « Baisse du niveau des investissements dans les infrastructures, qui sont déjà historiquement bas », « détérioration de la qualité des systèmes d’infrastructures qui se traduit par des coûts logistiques croissants », et « retards dans l’installation des systèmes logistiques qui ne seront pas capables de répondre à la reprise quand la croissance sera là ». Selon Paulo Resende, le pire est évité du fait de la récession économique, mais « la poursuite d’un tel chaos peut conduire le pays à des pertes de compétitivité qui prendront des années pour être rattrapées ».
Pará: six appels d’offres ajournés
Fin mars, six aires portuaires situées dans l’État du Pará auraient dû faire l’objet d’appels d’offres. Leur objectif? Construire de nouveaux terminaux privatifs à Santarém, Outeiro et Vila do Conde afin de renforcer le développement de l’Arc Nord. Mais l’agenda fixé par le ministre des Ports, Helder Barbalho, a été chamboulé à la dernière minute. Après avoir annoncé un report d’un mois, Helder Barbalho remet au 9 juin ces appels d’offres. Le gouvernement a mis en avant des défaillances techniques pour expliquer cet ajournement. Cependant, pour les spécialistes du secteur, les explications sont autres. D’une part, les investisseurs seraient refroidis par un contexte économique morose et une situation politique délicate. D’autre part, les investissements exigés seraient considérés comme trop élevés.