Après Bordeaux, c’est le Grand port maritime du Havre qui a été examiné par les juges de la Cour des comptes. Rendu public le 29 mars, le rapport de la 7e chambre du juge financier relève que la réforme de 2008 a été menée à bien, et ce « malgré un climat social tendu et un contexte économique défavorable ». Le bilan de la réforme s’avère positif au Havre. « Aujourd’hui encore, la réduction des personnels liée à la réforme ne suffit pas à compenser le coût de l’accompagnement social et celui du personnel transféré. » Le solde positif est prévu pour 2017. Du côté des manutentionnaires, les opérateurs ont enregistré une augmentation de la productivité de 20 %.
Concernant les outillages, les cessions ont été réalisées à des prix inférieurs à ceux du marché et des évaluations, mais « dans un contexte peu favorable ». Les instances de gouvernance mises en place en 2009 sont conformes, mais une attention particulière doit être apportée au remplacement des personnalités qualifiées et à une feuille d’émargement pour s’assurer du quorum. Quant à Haropa, la Cour des comptes qualifie cette opération de « succès de communication » mais se réserve sur le bilan. « Il est encore trop tôt. »
Un projet stratégique 2014-2019 inadapté
Pour le juge financier, le projet stratégique 2009-2013 a été trop ambitieux en matière d’investissement et trop optimiste pour les trafics. Et celui couvrant la période 2014-2019 « paraît inadapté à la capacité d’autofinancement envisagée alors même que celle-ci repose sur des hypothèses optimistes ». La politique domaniale du port est aussi à revoir. Le coût de l’opération de ripage sur Port 2000 et le rachat aux opérateurs de biens immobiliers se réalisent dans des « conditions irrégulières ». La Cour des comptes demande qu’une note de doctrine de gestion domaniale soit adoptée pour éviter le « coup par coup ».
Revenant sur les trafics, le juge financier observe une décroissance de ces derniers jusqu’en 2012, courbe qui s’est redressée depuis lors. Pour la Cour des comptes, il appartient à l’État de jouer un rôle dans le développement du ferroviaire pour accompagner les investissements réalisés sur le port.
Un transfert plus cher que prévu
Enfin, la gestion des ressources humaines laisse encore à désirer. La diminution des effectifs du port, liée à la réforme de 2008, s’élève à 23 % au Havre. Il manque au port un outil de gestion fiable et articulé avec celui de la paye. Quant au transfert dans le cadre de la réforme, il reste « approximatif et favorable aux opérateurs ». Le transfert des 208 personnels aura un coût plus important que les 51 M€ affichés dans le rapport annuel de 2013. « Le sureffectif à résorber serait, selon le port, de 15 ETP, soit deux à trois ETP par ans jusqu’en 2021. »
Après la réception de ce rapport, Hervé Martel, président du directoire, a reconnu « partager le contenu et les recommandations de la Cour ». Certaines ont déjà trouvé un début de mise en place, assure Hervé Martel, et notamment sur la gestion des effectifs et le suivi des temps de travail.