Elles travaillent chez Bourbon, Louis Dreyfus Armateurs, CMA CGM, La Méridionale, Brittany Ferries. Elles sont ou ont été commandant, commandant adjoint, capitaine, lieutenant, 3e chef mécanicien, 2e chef mécanicien, chef mécanicien, officier mécanicien, pilote de surfer, élève officier, commissaire, pilote maritime. Certaines exercent à terre, d’autres naviguent pour de longues durées sur des rotations lointaines, d’autres de manière plus courte sur des ferries. Armateurs de France et l’École nationale supérieure maritime (ENSM) ont voulu mettre à l’honneur les femmes officiers de la marine marchande à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars. Une manière de montrer que la mixité des formations et des métiers constitue une priorité de ces deux organisations, et de souligner que davantage de femmes optent pour ces métiers.
Des postes très divers
Parmi elles, Valentine Cardinale, officier à La Méridionale, raconte: « J’ai été intriguée par le récit de ma sœur sur sa navigation à bord d’un porte-conteneurs de CMA CGM. J’ai décidé de me lancer dans ce métier alors que je n’avais jamais fait de bateau, sauf de l’optimist. J’ai passé le concours de l’ENSM à Marseille et j’ai été reçue à 17 ans. » À l’ENSM en 2006, la promotion compte quatre étudiantes. Elle se souvient: « Pendant trois ans, j’ai été la seule étudiante dans une classe de 30 personnes. En fait, nous nous retrouvions davantage avec d’autres femmes pendant les périodes à bord plutôt qu’à l’école. » À sa sortie de l’ENSM en 2009, les offres d’emploi sont plus nombreuses qu’actuellement. Sa préférence va à un poste d’officier sur un des cargos mixtes de La Méridionale: « C’est un choix qui évite de partir trois mois à l’autre bout du monde. La traversée s’effectue en quelques heures puis nous retournons à terre. L’aspect passagers – que j’avais découvert lors d’un stage à la SNCM – m’attirait aussi car il permet des échanges avec des personnes de tous horizons. » Pour Valentine Cardinale, la diversité des postes occupés à bord constitue un autre intérêt fort de son travail à La Méridionale: « Nous sommes polyvalents, nous travaillons sur le pont, à la machine, nous avons une vision du navire et de son organisation dans sa totalité. J’ai été second capitaine, lieutenant, commissaire, 3e chef mécanicien. Changer de poste, c’est ce qui me plaît. » Elle sait qu’un jour, elle devra peut-être choisir entre le pont ou la machine, mais elle n’a pas encore d’avis définitif sur l’évolution de sa carrière à moyen terme, compte tenu de son âge de 27 ans.
Un collectif de travail
Depuis sept ans qu’elle est officier de la marine marchande, Valentine Cardinale estime qu’il n’y a pas de qualités spécifiques fondées sur le genre pour exercer ce métier. Selon elle, aujourd’hui, les femmes sont bien acceptées à bord et la féminisation progresse au fil des années. La Méridionale fait partie des compagnies au sein desquelles exercent un assez grand nombre de femmes en tant qu’officiers. Sur la situation à bord, elle explique: « Il y a un collectif composé de personnes aux caractères différents, chacune doit accomplir sa tâche. Nous apprenons à travailler ensemble dans cet espace clos qu’est le navire. Il y a donc un important aspect social et relationnel, bien plus que des différences entre les hommes et les femmes. Grâce à la formation que nous avons reçue, nous savons nous adapter à tout type de difficultés et de situations, que nous soyons un homme ou une femme. » En conclusion, Valentine Cardinale souligne: « Le plus important à bord, c’est de constituer une unité d’hommes et de femmes qui accomplissent leur métier et assument leurs responsabilités afin d’assurer la réalisation de l’expédition maritime dans les meilleures conditions. »