En réalisant 2,3 Mt de trafic global, Bayonne accuse ainsi par rapport à 2014 une perte de volume de près de 300 000 t. Le déficit de près de 200 000 t de trafic découle très directement d’une conjoncture économique défavorable pour le premier acteur du port, l’industriel sidérurgique Celsa (billettes, ferrailles, ferro-silico-manganèse), qui fin 2014 et durant le premier trimestre 2015 a dû stopper son activité. La reprise de sa production au deuxième trimestre a permis de générer, courant 2015, 780 000 t de trafic maritime (300 000 t de ferrailles à l’import et 470 000 t de billettes à l’export). Deuxième poste du port de Bayonne, les flux d’engrais se maintiennent toujours proches des 500 000 t malgré des prévisions plus optimistes des industriels du secteur, confrontés dans les faits à un décalage des récoltes et au report d’une partie des volumes sur 2016.
Malgré de bonnes récoltes céréalières régionales en 2014 et 2015, les mouvements sur le maïs régressent de 6 % en dessous des 400 000 t. Des fléchissements ont également impacté les produits pétroliers (– 20 000 t par rapport à 2014) et les trafics des produits forestiers (– 35 000 t) en raison d’un hiver doux, des cours du bois et de la crise économique qui ont conduit les industriels à puiser dans les ressources forestières locales au lieu d’importer. En revanche, les flux de produits chimiques gagnent 10 %, dépassant les 130 000 t, et les trafics de soufre de la Sobegi, qui exploite le terminal soufrier de Blancpignon, restent stables autour de 100 000 t. Au total, le trafic manutentionné par l’outillage public totalise 720 000 t, en baisse de 10 % malgré l’émergence ces dernières années de nouveaux trafics de niche (coke de pétrole, quartz ou ballast), arrachés à la concurrence des ports espagnols situés à moins de 50 km. La manutention privée (1,6 Mt) subit une baisse quasi similaire à celle ayant touché les flux de marchandises en 2015.
Celsa et Beltrame comme fer de lance?
Ayant procédé à la rénovation des quais Castel à Blancpignon, au réaménagement de la zone Saint-Bernard et à un investissement conséquent en 2015 de 14 M€ (courant sur plusieurs années) pour l’acquisition d’une drague à demeure, la CCI de Bayonne-Pays basque et la Région Aquitaine œuvrent à accroître l’attractivité du Port de Bayonne.
Le dépôt d’un dossier auprès de l’État pour autoriser l’importation de provenance extracommunautaire d’aliments pour animaux d’origine non animale et de bois pourrait de plus porter ses fruits en 2016, tout comme la création en cours d’un opérateur ferroviaire de proximité (OFP) Sud-Ouest, qui faciliterait les pré et post-acheminements des céréales.
Marqué cependant par une conjoncture économique difficile, le port apparaît en phase transitoire et soumis aux capacités de rebondir des acteurs industriels de la place. Ainsi, l’ouverture de l’unité industrielle des Laminoirs des Landes, filiale de Beltrame, sans cesse reportée, serait annoncée pour le 2e semestre 2016. L’industriel tablerait sur un trafic maritime de près de 200 000 t en lien avec sa production de laminés de tôles fortes d’acier (charpente métallique, construction navale, éolien…). Toujours dans le secteur sidérurgique, Celsa, client principal du port, a obtenu le feu vert et a réaffirmé, malgré ses difficultés fin 2014 début 2015, sa volonté d’investir pour la construction de deux laminoirs à chaud afin de valoriser sur place ses billettes d’acier. Une autre société, LBC de Tarnos, stockeur de produits chimiques et pétroliers, lié au bassin industriel de Lacq, pourrait, lui, grâce à des projets à l’étude, rouvrir certains trafics à partir du 2e trimestre. En parallèle, la mise en œuvre d’un fondoir sur le terminal soufrier de Blancpignon devrait permettre à la Sobegi d’asseoir son trafic d’importation de soufre solide.