L’activité enregistre une baisse de 4,8 %. Une nouvelle contre-performance qui plombe encore un peu plus le site des bords de la Weser. En trois ans, ses volumes ont fondu de 12 %. « Ces difficultés sont avant tout liées à la mauvaise conjoncture économique, d’autres ports traversent des turbulences encore plus fortes », relativise Martin Günthner, le sénateur en charge de l’Économie. « Nos ports sont compétitifs et stables. » Bremerhaven est notamment victime de l’effondrement de l’économie en Russie. Une récession qui pèse sur ses activités de transbordement, l’un des points fort du site.
Croissance nulle pour l’année en cours
Les responsables du port rappellent par ailleurs que leurs opérations ont été perturbées pendant un semestre à cause d’un accident sur l’un des quais. Ils tempèrent aussi le reflux de l’activité conteneurs qui cède 3,6 % à 5,6 MEVP. « Un résultat proche de nos meilleurs niveaux », souligne Martin Günthner. Aujourd’hui pourtant, le port semble avoir revu ses ambitions à la baisse. Fini les objectifs affichés début 2015. Le port espérait alors doubler ses flux conteneurisés à l’horizon 2030. Désormais, Bremerhaven table sur une croissance nulle pour l’année en cours.
Dans ce contexte plutôt morose, les activités de logistique automobile parviennent toutefois à limiter la casse. Les exportations de berlines allemandes vers la Chine ou la Russie reculent légèrement (– 40 000 unités). Mais avec 2,26 millions de voitures neuves débarquées sur ses quais, Bremerhaven reste l’un des principaux ports automobile européens.
Bremerhaven va investir 240 M€ dans ses infrastructures
Le port de Bremerhaven veut augmenter d’un tiers ses capacités ferroviaires.
Pour redresser la barre, les ports de Brême et Bremerhaven ont sorti les gros moyens: au cours des prochaines années, 240 M€ vont être investis pour moderniser les infrastructures. Le principal projet va mobiliser plus de la moitié de cette enveloppe (180 M€). Nom de code OTB, pour Offshore Terminal Bremerhaven. D’ici à 2019, un vaste terminal de 250 ha doit sortir de terre à l’ouest du port, dédié à la manutention d’éoliennes offshores. Le premier coup de pioche doit être donné cet été. Du moins en théorie: le chantier est dans le viseur des associations écologistes qui ont déposé un recours devant les tribunaux pour faire suspendre les travaux.
Autre ombre au tableau, l’éolien offshore, qui, un temps porté par la décision de sortir du nucléaire, traverse aujourd’hui une crise. Les projets de parcs éoliens au large de la mer du Nord tardent à se concrétiser. Pas de quoi inquiéter les autorités portuaires, convaincues que le terminal sera prêt « d’ici cinq ans » et qu’il « tournera à plein régime d’ici dix ans ».
Autre investissement important: les infrastructures ferroviaires. Le Sénat veut augmenter d’un tiers la capacité de la principale gare de transbordement pour atteindre 800 trains par semaine, contre 580 aujourd’hui. Un projet stratégique: près de la moitié des conteneurs arrive sur les quais par voie ferrée. Sur le segment des voitures neuves, la part du rail atteint même 80 %.
En revanche, le Sénat devra encore patienter avant de se lancer dans un autre chantier important, le creusement de la Weser. Ce fleuve, qui relie Brême à la façade maritime, est actuellement trop peu profond pour laisser passer les navires géants. Problème: les travaux pour augmenter le tirant d’eau sont bloqués depuis des années par des associations écologistes. L’été dernier, la ville-État a même perdu une manche devant les tribunaux. Le projet contrevient aux règles européennes sur l’environnement. Le Sénat doit désormais présenter un nouveau plan et attendre que la justice se prononce. Au mieux d’ici deux ans…