À Calais, le trafic fret transmanche a battu un nouveau record en 2015 et le port du Pas-de-Calais demeure le principal lien pour les voyageurs entre la France et l’Angleterre. Cependant, l’activité tourisme a connu un net recul sur la période en raison des conflits sociaux liés à l’arrêt de l’activité de la compagnie MyFerryLink. L’activité tourisme affiche ainsi une baisse prononcée, repassant sous la barre des 10 millions de passagers (9,78 millions, – 8,83 %). Le trafic de véhicules légers (1,6 million) a baissé de 14,3 %. À l’inverse, le trafic fret transmanche (poids lourds et remorques non accompagnées) s’établit à plus de 1,84 million d’unités, en hausse de 1,39 % par rapport à 2014 qui était une année record.
Le port de commerce pâtit du départ de Gefco pour Zeebrugge, brutalement annoncé, qui fait perdre un important trafic de voitures neuves à destination de la Grande-Bretagne. Cette mauvaise nouvelle s’ajoute à l’arrêt des importations de minerai de titane pour le compte de l’industriel Tioxide, dont l’avenir à Calais est incertain, et à l’absence d’exportation de sucre. Les autres trafics réguliers ont diminué: coke de pétrole, sables et produits de carrière, câbles sous-marins (Alcatel), animaux… Entre 2014 et 2015, les vracs (190 000 t) ont diminué de 39 %, les marchandises diverses (107 000 t), de 55 %.
Aboutissement
L’année 2016 matérialisera des investissements prévus de longue date. Treize ans après avoir été imaginé, le projet Calais Port 2015 entrera cette année dans sa phase visible. Ce chantier, qui représente un investissement global de plus de 650 M€ réparti en plusieurs phases, prévoit de doubler les capacités d’accueil du port. À la fin de l’année, la première campagne de dragage et de remblais devrait être achevée. D’ici à 2020, le port disposera d’une nouvelle digue de 3 km, trois nouveaux postes d’embarquement, et 65 ha de terre-pleins (dont 45 ha gagnés sur la mer). Le site élargi sera ainsi mieux adapté aux reports vers le rail et la route, une opportunité pour le développement du short sea shipping. « Un des plus gros chantiers portuaires européens pour les dix ou vingt prochaines années », selon Natacha Bouchart, maire (LR) de Calais et, depuis janvier, vice-présidente du Conseil régional chargée de la mer et des ports.
Pour doper son trafic fret à court terme, le port compte sur la mise en service du ferroutage entre Le Boulou et Calais, en lien avec P&O Ferries. Outre Douvres, seule destination transmanche actuellement, le port espère annoncer des nouvelles dessertes vers le nord de Londres. « L’augmentation des liaisons ro-ro fera que de plus grands logisticiens reviendront vers Calais », a récemment estimé Jean-Louis Foissey, à la tête de M&L, qui assurera le chargement et déchargement des camions. Financé par la Région (7 M€), le terminal est opérationnel, l’opérateur Viia (SNCF Logistics) a déjà précommercialisé son service. Parmi les premiers clients figurent le logisticien turc Ekol et d’autres spécialistes de pièces pour l’automobile et de la grande distribution. Mais l’administration bloque l’ouverture de la ligne, initialement prévue le 12 janvier, en raison de la présence des migrants à Calais, selon le ministère de l’Intérieur. « On parle maintenant de la fin mars », déplore-t-on à la CCI Cote d’Opale. « C’est entre les mains de l’administration ».
Calais 2015: le rêve deviendra réalité en 2020
En 2011, le directeur du port de Calais de l’époque, Patrick Fourgeaud, propose de créer un grand port à Calais plutôt que de se livrer à des investissements qui deviendront rapidement obsolètes. « À ce moment, nous avons rêvé d’un nouveau port », rappelle Jean-Marc Puissesseau, président-directeur général du Port Boulogne-Calais. Calais 2015 est rapidement devenu un projet que le p.-d.g. du port qualifie de « raisonnablement ambitieux ». Ce projet comprend la création d’un bassin portuaire d’environ 110 ha, la réalisation de nouveaux terre-pleins, l’allongement de trois postes ferries, du poste roulier et la mise en place d’un nouveau schéma de circulation routière. Depuis cette époque, les autorités portuaires de Calais œuvrent quotidiennement pour cet objectif. Le port de Calais, avec celui de Boulogne, est géré par la Société d’exploitation des ports du Détroit (SEPD). Celle-ci est maître d’ouvrage du projet. La phase amont de ce projet est terminée. Calais 2015 entre dans une phase « visible ». Les travaux préalables ont commencé fin 2015 et les gros travaux devraient démarrer à la fin du premier trimestre 2016. Sur ce nouveau site, Calais a aussi investi dans un terminal pour l’autoroute ferroviaire qui reliera Calais au Boulou (frontière avec l’Espagne). En janvier, le nouveau président de la Région, Xavier Bertrand, a demandé au gouvernement et à la SNCF de sécuriser cette ligne. « On nous a promis un décalage de quelques semaines », nous a confié Xavier Bertrand. L’autoroute ferroviaire n’est toujours pas en service.