Le port rétrogradé au troisième rang européen

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L’année 2015 restera pour Hambourg parmi les plus cauchemardesques de son histoire. Le port, qui a vu ses flux conteneurisés s’effondrer de 9,3 %, perd aussi sa couronne de dauphin sur le podium européen. Avec seulement 8,8 MEVP manutentionnés, Hambourg est rétrogradé à la troisième place, derrière Anvers. « Le succès de notre port ne se mesure pas seulement en EVP », veux convaincre Frank Horch, le sénateur à l’Économie. Il n’empêche, cette dégringolade est vécue quasiment comme une humiliation et fait les gros titres outre-Rhin.

Alors que s’est-il passé? Le port est d’abord victime de l’embargo russe. Après la chute du Mur en 1989, Hambourg avait su tirer profit de sa position géographique pour développer d’importants trafics à destination de la mer Baltique. Un segment qui dévisse aujourd’hui de 22,6 %, alors que l’économie russe, plombée par les sanctions européennes, est en pleine déconfiture.

Un conteneur sur trois en lien avec la Chine

Autre difficulté, les échanges avec la Chine. Pénalisés par le yuang fort, ils marquent le pas: – 13,8 %. Un coup rude pour Hambourg qui reste très dépendant de la République populaire. Sur ses quais, un conteneur sur trois est en lien avec la Chine.

Mais au-delà de ces difficultés conjoncturelles, certains s’interrogent: et si le port avait atteint ses limites? À l’inverse de ses concurrents directs, Hambourg n’est pas en mesure d’accueillir les porte-conteneurs géants qui sortent actuellement des chantiers navals. L’Elbe, le chenal de 100 km qui relie ses quais à la mer, n’est pas assez profond. « Le port va peut-être devoir repenser son modèle et se concentrer sur les vracs », suggère le journal Noz.

Investissements

Le projet de nouveau terminal conteneurs à l’arrêt

Le port, qui a enregistré de mauvais résultats l’an dernier, vient de geler son projet de nouveau terminal conteneurs. Un revirement qui annonce la fin de la stratégie du « tout-conteneur ».

« À moyen terme, les trafics conteneurisés n’atteindront pas la croissance que nous avions anticipée par le passé ». Cette petite phrase, prononcée fin février par Frank Horch, est lourde de conséquences. En quelques mots, le sénateur à l’Économie de Hambourg enterre purement et simplement ce qui a longtemps été présenté comme un projet phare pour le développement du site: la construction d’un nouveau terminal conteneurs. Des infrastructures qui auraient dû permettre au port de manutentionner 3,5 MEVP supplémentaires par an, dès 2025.

De toute évidence, les autorités portuaires se préparent à repenser le modèle du port. Exit la stratégie du « tout-conteneur » qui a fait les beaux jours de Hambourg ces vingt dernières années.

Rétrogradé au troisième rang européen, Hambourg ne semble plus tout à fait en mesure de rivaliser avec Anvers ou Rotterdam. À l’inverse de ses concurrents, le site ne peut pas accueillir les porte-conteneurs XXL actuellement mis en service par les armateurs. L’Elbe, le chenal de 100 km qui relie ses quais à la façade maritime, n’est pas assez profond.

Depuis des années, les autorités portuaires se battent pour lancer un vaste chantier visant à creuser l’Elbe. Des travaux qui se heurtent à la résistance des écologistes et qui s’enlisent dans une interminable bataille judiciaire. « Nous avons bon espoir d’obtenir une décision des tribunaux dans le courant de l’année », veut croire Frank Horch.

Reste que ce chantier, même s’il aboutit, apparaît déjà sous-dimensionné. Les travaux permettront de gagner un mètre de tirant d’eau: insuffisant pour faire passer la dernière génération de navires. Du coup, le port cherche aujourd’hui des alternatives. En lieu et place du projet mort-né de terminal conteneurs, la ville hanséatique pourrait opter pour des infrastructures polyvalentes, en lien avec l’industrie locale. L’une des pistes: monter une usine de voitures électriques à proximité des quais, dont certains composants, comme les batteries, seraient importés de Chine par voie maritime. En sens inverse, les véhicules seraient exportés depuis le port hanséatique.

Pour l’heure rien n’est arrêté, mais le Sénat pourrait trancher avant la fin de l’année. Une année charnière pour le port.

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