« Ce rapport est tronqué. Il se base sur la période 2008-2012, or depuis 2012, les effectifs ont baissé de 13 % », indique Cyril Mauran, responsable CGT des salariés du Port de Bordeaux. De fait, le Port, qui employait 412 salariés en 2009, puis 356 en 2013 (suite à la réforme et au transfert de 47 salariés de la manutention), ne compte désormais que 337 salariés. Si l’on remonte à 2001, ce sont 200 emplois au total qui ont été supprimés. « Cette optimisation des effectifs, on la regarde en permanence et on continuera à le faire, mais sur un périmètre de prestation homogène », indique, de son côté, Christophe Masson, directeur général du Grand port maritime de Bordeaux, qui remet en cause, tout comme le syndicat CGT, le calcul par la Cour des comptes d’un ratio direct entre effectif et tonnage, sans prendre en compte les particularités d’un port d’estuaire.
Tous deux rappellent en effet que le Port de Bordeaux compte sept terminaux répartis sur 110 km, nécessitant l’emploi de 90 salariés pour le dragage, là où le Port de La Rochelle (à tonnage annuel équivalent) n’en emploie qu’une dizaine. « Avec sept terminaux, automatiquement, on a également plus d’effectif en termes d’officiers de port, 23 à Bordeaux contre six à La Rochelle. Sans compter l’existence à Bordeaux d’un atelier de réparation navale employant 110 personnes », précise Cyril Mauran. De plus, le Port de Bordeaux doit gérer 2 600 ha de foncier, dont de vastes espaces naturels classés, impliquant la mobilisation de personnels portuaires.
Le port tient le cap
Enfin, sur le plan financier, Christophe Masson précise que le Port de Bordeaux tient le cap. En 2014, il dégageait un résultat net de 2,2 M€ et ses capacités d’autofinancement net sont remontées au-delà des 3 M€ à 4 M€. « Et ce, bien que l’État n’ait pas tenu son engagement d’assurer à 100 % les frais de dragage », précise Cyril Mauran. « Au mieux, ils ont été de 74 % et sont désormais réduits à 63 %, ce qui occasionne un déficit de 4 M€ par an pour le port. Sans compter le torpillage du projet du terminal méthanier qui devait rapporter près de 6 M€ par an à l’établissement. »
Exaspéré par l’attitude gouvernementale, le syndicat CGT du Port de Bordeaux appelle ainsi à la grève le 24 mars pour protester contre cette remise en cause de la bonne gestion des effectifs, « mais également contre le refus du ministère des Transports d’absorber des charges liées à la modification de notre système de caisse de prévoyance, en arguant justement que la trajectoire financière du port est suffisamment équilibrée pour pouvoir le faire ».