Depuis longtemps, Centrale Nantes s’est spécialisée, entre autres matières, dans l’étude des comportements des coques et des plates-formes offshore, par mer calme et agitée. Au point de disposer de l’un des plus grands bassins à houle d’Europe, bassin dont l’extension commencera prochainement. Outre la simulation expérimentale, l’école a également développé un savoir-faire de niveau au moins européen en matière de simulation numérique de ces mêmes comportements. Ce savoir-faire s’est concrétisé par la création en 2007 d’HydrOcean, une spin off (entreprise dérivée ou d’essaimage), par un ancien diplômé, Erwann Jacquin. La raison d’être de cette structure est le transfert technologique du secteur académique vers l’industrie. En septembre, le Bureau Veritas a repris la majorité du capital d’HydrOcean. Le début d’un rapprochement fructueux avec Centrale Nantes. La classification de structures marines est par nature un métier technique qui demande beaucoup de recherches et développement, a rappelé Philippe Donche-Gay, président de la branche marine et offshore du Bureau Veritas. Les 4 % à 5 % du chiffre d’affaires consacrés à la R & D sont insuffisants pour faire face à la fois aux problèmes liés au gigantisme des porte-conteneurs (de plus de 400 m) et à ceux résultant du besoin d’être économe en énergie fossile, explique le président. L’aventure du MOL-Comfort, classé par le NKK, qui se casse en deux par manque de résistance des fonds, semble avoir créé une certaine prise de conscience des réalités. D’où le partenariat avec Centrale pour avoir accès à ses bassins d’essai (traction et à houle), ses capacités d’expertises en simulation numérique et son tout nouveau centre de calcul d’une capacité de 200 teraflops
Faire flotter le navire dans son élément
Visualiser une coque en volume flottant dans le « vide », c’est bien mais cela ne permet pas de simuler les interactions avec les vagues. Il y a un long travail de « maillage » manuel pour immerger la coque dans son élément liquide, pour passer à la simulation numérique du comportement à la mer. C’est ce maillage manuel et coûteux en heure/ ingénieur que David Le Touzé souhaite pouvoir automatiser durant le partenariat. L’optimisation du routage météo constitue également un axe de recherche de la chaire ainsi que la prévention du roulis paramétrique pour les grands porte-conteneurs. L’étude de la résonnance des grandes coques soumises à des grandes vagues pourrait être au programme qui sera défini par un comité de pilotage.
L’objectif du Bureau Veritas n’est pas de concevoir des navires dont il surveillera la construction pour mieux les classer par la suite, comme le propose son puissant confrère le DnV-GL, répond Philippe Donche-Gay. L’objectif est de répondre aux besoins d’optimisation de chantiers navals, de compagnies maritimes qui souhaitent changer la forme du bulbe de leurs navires ou de leur hélice, par exemple.
*1012 opérations à virgule flottante par seconde.