Le monde des vracs secs souffre depuis plusieurs mois. Les indices des taux de fret ont atteint des niveaux planchers inimaginables il y a quelques années. Deux phénomènes expliquent cette spirale. Tout d’abord, lors de la première décennie du siècle, les armateurs et certains investisseurs ont voulu profiter d’un rebond économique en commandant des navires. À l’époque, un Capesize s’affrétait plusieurs milliers de dollars par jour. L’opération financière en a fait réver plus d’un. Armateurs et institutions financières se sont rués vers les chantiers sans imaginer que la situation pouvait se retourner. La crise de 2008 et la baisse de la consommation qui s’est conjuguée quelques années plus tard avec le ralentissement de l’économie chinoise ont eu raison des approvisionnements en matières premières. Aujourd’hui, le constat est alarmant: les taux de fret couvrent à peine les coûts fixes. La solution semble inéluctable: il faut reporter les constructions neuves et se décider à déconstruire une grande partie de la flotte des vraquiers. Au prix de l’acier, l’envoi de navires dans des chantiers de démolition n’est guère rentable. La mise à l’ancre n’est qu’une cautérisation sur une jambe de bois. Le mal est là et les armateurs en sont responsables. En commandant de nouvelles unités sans démolir les plus anciennes, ils sont coupables et scient la branche sur laquelle ils sont assis. Qui osera montrer l’exemple? Il faut envisager une solution au niveau mondial dans le cadre d’une autorité globale. Cela s’appelle de l’économie dirigée, mais parfois elle devient nécessaire et urgente.
Éditorial
Responsables et coupables
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