Le groupe Eurotunnel a présenté ses résultats annuels le 18 février. Au cours de cette conférence de presse, il a brossé un tableau des performances de ses différentes activités. Depuis sa création, Eurotunnel s’est diversifié sur le fret ferroviaire et le transport maritime en Manche parallèlement à l’exploitation du lien fixe entre France et Grande-Bretagne.
En 2012, lorsqu’Eurotunnel est choisi pour reprendre trois navires de SeaFrance, les Rodin, Berlioz et Nord-Pas-de-Calais, le groupe met un pied dans l’eau. Le voilà devenu armateur. Il affrète les trois navires à la Scop SeaFrance qui les exploite au travers de MyFerryLink. Les trois navires, deux ro-pax et un pur fret, vont assurer les liaisons depuis le mois d’août 2012 jsuqu’à l’été 2015, au total trois ans d’activité. Les déboires judiciaires de MyFerryLink, Eurotunnel et la Scop SeaFrance auront raison de l’aventure maritime. Le 29 juin, Eurotunnel a décidé de céder ses deux navires ro-pax, les Rodin et Berlioz, à DFDS. Quant au Nord-Pas-de-Calais, navire pur fret, le groupe franco-anglais espère encore l’exploiter avec une réserve: avoir un écrit de la part de la Competition and Markets Authority, l’autorité de concurrence britannique, pour pouvoir accoster à Douvres. L’autorité britannique refusera l’accès à Douvres pour ce navire pur fret, le 16 décembre. Eurotunnel s’est donc mis à la recherche d’un acquéreur pour le navire. DFDS n’est pas intéressé et il paraît vraisemblable que ce navire parte vers de nouveaux horizons.
Les bonnes performances de MyFerryLink
Lors de la présentation des résultats, Eurotunnel a néanmoins souligné les bonnes performances qu’a réalisé MyFerryLink au cours des six premiers mois de l’année. Sur ce premier semestre, soit le temps d’activité maritime du groupe, MyFerryLink a transporté 233 584 camions. Une performance, puisque l’armement affiche une croissance de 27 % de son trafic fret. Il représente 11,6 % de part de marché, selon ses données. Du côté des passagers, avec 116 406 voitures, soit un trafic en hausse de 7 % pour 5,7 % de parts de marché, MyFerryLink a démontré sa pertinence. Si les volumes restent dans une courbe ascendante, les chiffres financiers sont plus alarmants. Sur les six premiers mois de l’année, MyFerryLink a réalisé un chiffre d’affaires de 52 M€ mais avec 57 M€ de charges d’exploitation. Le clap de fin est tombé. Dès l’annonce de la décision de la Cour suprême, le ministère français en charge des Transports s’est montré plus optimiste en affirmant que d’autres voies devaient être recherchées pour trouver une alternative. Aujourd’hui, malgré des réunions, la situation reste en l’état.
37,3 % de part de marché fret
Eurotunnel demeure un acteur majeur sur le lien entre la Grande-Bretagne et le continent. Le trafic fret en 2015 a atteint un record. Avec 1,48 million de camions qui ont emprunté les navettes, Eurotunnel affiche une croissance de 3 %. Au cours des cinq dernières années, ce trafic n’a cessé de croître. La plus forte hausse est à mettre à l’actif de 2012, quand le trafic fret a progressé de 16 % à 1,46 million de camions. Une augmentation à attribuer aux Jeux olympiques de Londres, mais aussi aux difficultés de SeaFrance. Après cette année de tous les records, Eurotunnel est revenu à des niveaux moindres mais a toujours crû. Au final, en 2015, Eurotunnel enregistre 37,3 % de parts de marché sur le fret avec des trafics records en novembre et décembre après la sécurisation du site de Coquelles. La progression des navettes fret a été amoindrie par la baisse du trafic fret transmanche. L’impact de la pression migratoire sur le site de Calais Frethun a pesé sur le nombre de trains. Après un premier semestre en hausse de 4 %, le fret ferroviaire transmanche d’Eurotunnel perd 4 % sur l’ensemble de l’année. Les solutions pour sécuriser les terrains de Frethun et l’examen avec le gouvernement britannique pour la relance du trafic devraient redonner un élan à cette activité.