Une première offre de Cosco, estimée insuffisante, avait été repoussée le 12 janvier par l’Agence grecque de privatisation des biens publics (voir le JMM du 15/01, p. 6). La proposition améliorée a été examinée en réunion du conseil d’administration de l’Agence le 18 janvier et jugée satisfaisante. Le groupe Cosco a donc été déclaré « investisseur privilégié » le 20 janvier. En réalité, la compagnie chinoise était le seul candidat à la reprise, les concurrents APM et ICTSI s’étant retirés dès 2015 et tournés vers la privatisation d’autres ports grecs et notamment le second port du pays, celui de Thessalonique. Au final, Cosco a relevé son offre initiale de 17,5 € à 22 € par action, alors que les experts indépendants avaient évalué le prix entre 18,4 € et 21,2 €.
La cession du port à Cosco a été officialisée le 17 février, mais l’Agence a précisé que la finalisation de la transaction était soumise à validation de la Cour des comptes et au respect de l’engagement de Cosco à investir 350 M€ dans la rénovation et l’amélioration des infrastructures portuaires. Si l’on ajoute à ces montants les 410 M€ de revenus attendus de cette concession, l’accord représente une somme d’1,5 Md€, souligne le communiqué de l’Agence.
Le HRAF se félicite de cet achat et y voit « une étape clé du programme de privatisations selon les engagements pris par la République grecque dans le cadre du troisième plan d’aide internationale ».
Vente controversée
Cette vente du port du Pirée reste cependant très controversée. Elle est saluée par le président d’honneur de l’Union internationale de la marine marchande grecque, Nikos Arvanitis, qui en attend « une augmentation des activités du Pirée et d’importants bénéfices pour l’économie et la société grecques ». Elle rencontre au contraire de fortes résistances du côté du syndicat de dockers Omyle, qui déplore la perte d’une Autorité publique du port que cette privatisation entraîne et la suppression des obligations afférentes en termes de continuité de l’offre de transport de sécurité et de protection sociale, entre autres.
Avec la vente du port du Pirée, le gouvernement grec envoie un signal encourageant au FMI, la Commission européenne, la BCE et le Mécanisme européen de stabilité (MES). Mais dans le même temps, Alexis Tsipras nationalise les chantiers navals (l’industrie navale pèse 9 Md$ et génère 192 000 emplois). L’annonce du projet de « placement de tous les chantiers navals sous l’autorité d’une seule entité publique » a en effet suivi celle de la vente du Port du Pirée au groupe Cosco, fin janvier.