Corsica Linea, future associée de MCM, crée le trouble

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Aux premiers jours de janvier, le repreneur désigné de la SNCM, Patrick Rocca, assistait à la création d’une compagnie maritime concurrente alors qu’il avait semble-t-il les cartes juridiques en main pour riposter. Sa passivité n’est pas passée inaperçue du côté des administrateurs judiciaires de la SNCM. Ces derniers avaient pris la précaution, lors de la procédure d’appels d’offres, d’insérer une clause de confidentialité pour accéder à la data room de la compagnie maritime en dépôt de bilan. En signant cette clause, tous les prétendants à la reprise s’engageaient pendant six mois après le prononcé du jugement (en novembre) à ne pas exercer d’activité concurrente à celle de la SNCM, ni recruter son personnel. Corsica Linea est née de l’association de deux candidats au rachat de la SNCM évincés par les magistrats en novembre: Corsica Maritima et Daniel Berrebi. Cette compagnie, qui s’est appuyée sur l’expérience de deux anciens salariés de la SNCM, a démarré le 11 janvier un service régulier fret Marseille-Bastia. Corsica Linea reprendrait même des formulaires commerciaux de la compagnie en y apposant son logo, selon les dires de salariés de MCM.

Si les administrateurs judiciaires chargés du dossier assignent la compagnie en concurrence déloyale, le tribunal aura alors à gérer une situation inédite, puisqu’au même moment Patrick Rocca et Corsica Linea étudient les conditions d’un rapprochement pour répondre aux aspirations de la Collectivité territoriale de Corse qui réclame une compagnie régionale.

Une situation financière tendue

De source proche du dossier, les membres du consortium pour entrer au capital de MCM remettraient en question certains acquis, à commencer par le niveau des rémunérations des salariés. Ils préconiseraient également une nouvelle compression d’effectif de 200 à 250 personnes. Le projet de rapprochement de MCM et Corsica Linea, qui pourrait être présenté le 12 février aux salariés de MCM lors du comité d’entreprise extraordinaire, devra ensuite être examiné par le tribunal de commerce. Quel sera le taux d’acceptabilité pour le nouveau président du tribunal? Corsica Linea actionnaire à 49 %?

En parallèle, la situation financière de MCM semble particulièrement tendue pour l’instant. Si la Caisse d’Épargne confirme avoir accordé un prêt de 15 M€ au groupe Rocca suivi de la mise en place en janvier d’une ligne de crédit court terme à hauteur de 16 M€, la voie d’eau continue, les 15 M€ seraient distillés au compte-gouttes. En effet, un premier versement de 4 M€ aurait été effectué en début d’année par l’établissement financier qui subordonnerait les suivants au remboursement du premier.

MCM doit faire face à trois arrêts techniques (Méditerranée, Monte-d’Oro et prochainement Danielle-Casanova) qui représenteraient entre 6 M€ et 10 M€. Les créanciers vont-ils commencer à monter au créneau?

Au même moment, l’enveloppe de la compensation financière pour la desserte de la Corse va probablement se réduire à une peau de chagrin. De plus, la menace de remboursement des aides d’État (440 M€) par Bruxelles n’est pas totalement écartée. Le 5 février, les services de la Commission européenne ont d’ailleurs rencontré à Paris les représentants de l’Office des transports de la Corse et le secrétariat général des Affaires européennes afin de discuter de la période actuelle de fourniture de services de transport maritime à destination de la Corse, qui court jusqu’en 2016, et d’examiner la future desserte.

Si le fardeau devenait trop lourd à porter, il suffirait à Patrick Rocca de refuser de signer l’acte de cession. Il a jusqu’à avril pour décider du sauvetage ou du naufrage.

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