Corsica Linea et Maritima Ferries engagées vers un mariage de raison

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L’annonce du rapprochement entre les compagnies Maritima Ferries et Corsica Linea devrait être officialisée le 27 janvier lors d’un comité d’entreprise extraordinaire qui se tiendra à Marseille.

Selon nos informations, Maritima Ferries pourrait rejoindre le consortium tout en sachant que les actifs navals n’appartiennent pas à Patrick Rocca. La cession de la SNCM à Corsica Maritima n’est pas encore effective (un délai de six mois après l’entrée en jouissance ayant été accordé), les navires sont affrétés coque nue à la SNCM (qui conserve le Corse). De son, côté Daniel Berrebi entend jouer un rôle dans ce nouvel ensemble, sa compagnie France Ferries ayant noué des accords commerciaux avec Corsica Linea aussi bien sur le réseau Corse que sur les lignes du Maghreb.

Le protocole d’accord qui aurait été signé en début de semaine entre les parties doit être désormais examiné par le tribunal de commerce de Marseille. Reste à savoir comment Bruno Nivière, président de ce tribunal, va gérer ce dossier.

Une concurrence exacerbée

En effet, Corsica Linea et Daniel Berrebi ont chacun fait une offre de reprise de la SNCM à l’automne dernier. Tous deux écartés par le tribunal de commerce le 28 novembre, ils ont refusé le goût amer de la défaite et ont lancé ensemble une compagnie (Corsica Linea) venue directement chasser sur les lignes de l’entreprise titulaire de la délégation de service public (Maritima Ferries). À présent, cette dernière pourrait tomber dans l’escarcelle de Corsica Linea.

Déjà fragile financièrement (elle ne disposerait plus que d’1 M€ de trésorerie et doit assumer de multiples arrêts techniques), Maritima Ferries a subi de plein fouet les conséquences de l’arrivée de Corsica Linea sur Marseille-Bastia. Depuis le 11 janvier, les entrepreneurs corses, pour la plupart d’anciens clients de la SNCM, se livrent à une concurrence exacerbée sur le fret, préférant charger sur le Stena-Carrier de Corsica Linea. Ainsi, Corsica Linea a progressivement siphonné le trafic de remorques de Maritima Ferries avec un tarif légèrement inférieur (le coût de passage serait de 1 100 € pour Corsica Ferries contre 1 200 € pour Maritima Ferries).

Enfin, la Collectivité territoriale de Corse n’est pas étrangère à cette redistribution des cartes et au rapprochement de gré ou de force de François Padrona (président de Corsica Linea) et de Patrick Rocca. Elle aurait même joué un jeu de poker menteur en annonçant le 25 janvier la signature d’un protocole d’accord entre La Méridionale et Corsica Linea, le STC et la CFDT Corsica en vue de la création d’une compagnie maritime locale. Balayant l’actuelle organisation de la desserte maritime, la Collectivité se place au centre du jeu, imaginant une société d’économie mixte locale basée en Corse qu’elle détiendrait à 51 %.

Nouvel imbroglio

Dans ce nouveau schéma, la Collectivité territoriale précise que « le reste du capital sera détenu par des acteurs privés signataires du présent protocole […]. L’ouverture du capital pourra éventuellement être élargie à d’autres acteurs après débat et accords des acteurs fondateurs », précise la CTC. Quelques heures après la publication de ce communiqué, la filiale du groupe Stef, La Méridionale, se désolidarisait. « La Méridionale a répondu favorablement à la Collectivité territoriale de Corse, l’invitant à participer à un groupe de réflexion et de travail relatif à la création d’une compagnie maritime corse, mais précise qu’elle n’est pas engagée par le communiqué de presse de la CTC dans l’ensemble de ses composantes », écrit l’armateur.

Dans ce nouvel imbroglio, reste à savoir ce qu’il va advenir des 845 emplois sauvegardés dans le plan de cession de la SNCM. D’autant que les nationalistes ne se cachent pas d’une préférence pour les emplois corses. Le marin marseillais doit-il se faire du souci?

Les salariés de Maritima Ferries s’avouent inquiets d’une éventuelle vente par appartements de la compagnie. Patrick Rocca, premier employeur de Corse, avait-il le choix entre s’associer ou couler?

« La Cépac a tenu ses engagements financiers »

La Caisse d’épargne Provence-Alpes-Corse (Cépac) a démenti le 26 janvier les rumeurs laissant entendre qu’elle n’aurait pas tenu ses engagements (annexe vii dans l’offre de reprise de Patrick Rocca) de financer le plan d’investissements de Maritima Ferries à hauteur de 15 M€. « La Cépac, probablement à ce jour la seule banque à accompagner le repreneur Patrick Rocca, a tenu ses engagements et même au-delà. Initialement, nous n’avions jamais dit que nous financerions la SNCM, mais le groupe Rocca pour 15 M€. Ce financement sur le groupe Rocca est bien en cours. Par contre, au vu de l’urgence du dossier, nous sommes à ma connaissance la seule banque à avoir mis en place des lignes de court terme à hauteur de 16 M€ sur le poste client de la SNCM », a déclaré Alain Lacroix, président du directoire de la Cépac.

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