C’est un discours musclé qu’a prononcé Philippe Dehays, président de l’Union portuaire rouennaise (UPR) le 14 janvier au cours de la traditionnelle cérémonie de vœux. Devant quelque 200 invités, il a dressé un inventaire à la Prévert des « maux qui demeurent » (le « T1 toujours en vigueur pour un parcours fluvial ou routier entre Rouen et Le Havre ») et les « maux qui apparaissent ». Dans cette deuxième catégorie figure la loi de modernisation portuaire, dont les décrets d’application sont attendus pour avril. « Les Rouennais sont les seuls opposants à ce texte calamiteux », a souligné Philippe Dehays. Ce texte a été adopté, a-t-il souligné, « avec le soutien de la Fédération des Ports et Docks CGT mais aussi de l’Union nationale des industries de la manutention ». Le président de l’UPR a fustigé « l’interdiction de l’intérim dans la manutention portuaire », le « retour des débats sur la définition des emplois requérant impérativement de la main-d’œuvre docker » et « l’obligation faite à tout investisseur s’implantant sur le port en bénéficiant d’un bord à quai de présenter son organisation de manutention devant un aréopage comprenant la Fédération des Ports et Docks CGT » et l’Unim, Union nationale des industries de la manutention (avec laquelle l’UPR est entrée en dissidence voici trois ans).
« Un très mauvais signal »
« Cette loi est un très mauvais signal pour les investisseurs car elle ajoute des contraintes supplémentaires pour investir en France », explique Pierre-Marie Hebert, directeur de l’UPR. Quand on l’interroge sur la raison pour laquelle la place portuaire rouennaise est la seule à s’opposer à ce nouveau texte, le bouillant directeur répond: « Il faut croire que la place portuaire rouennaise est la seule à ne pas être victime du syndrome de Stockholm » (allusion au phénomène psychologique qui conduit des otages à développer une forme d’empathie pour leurs geôliers, NDLR).
Dans la salle, les réactions étaient dans l’ensemble en phase avec le discours de Philippe Dehays, les usagers du port de Rouen pointant les inconvénients de l’insécurité juridique, le risque de frein à l’investissement du fait de l’obligation de présentation du plan de manutention, et enfin le risque de retour en arrière en matière d’organisation de la manutention portuaire. Interrogé sur le positionnement de l’UPR vis-à-vis de la nouvelle loi, Nicolas Occis, directeur d’Haropa-Port de Rouen, a indiqué le 18 janvier que l’on se trouvait « dans la continuité de la place portuaire rouennaise ».