Dans un courrier adressé le 10 janvier aux salariés de MCM (ex-SNCM), son président Patrick Rocca explique sa stratégie pour les semaines à venir, donnant du grain à moudre aux avocats. « MCM documente et prépare toutes les actions juridiques potentielles et utiles sur le terrain d’une concurrence déloyale (tarifs, documents personnels, horaires…) », explique-t-il tout en précisant qu’aux côtés de La Méridionale, il allait s’attacher à vérifier tous les documents administratifs ayant conduit l’Office des transports à autoriser l’arrivée de Corsica Linea. « CMN comme MCM, son subdélégataire, s’engagent à défendre la délégation de service public au niveau des services et des périmètres actuels (…) », ajoute-t-il. Si le patron corse fixe un cap à sa compagnie maritime aux côtés de La Méridionale, l’Office des transports de la Corse (OTC), voit l’avenir de la desserte maritime sous un autre angle.
L’OTC invite à la création d’une compagnie corse, tant en ce qui concerne l’investissement que l’exploitation. « Notre volonté est de rassembler rapidement autour de ce projet les acteurs économiques et notamment les parties prenantes engagées directement aujourd’hui, telles que Patrick Rocca et le consortium Corsica Maritima (…) », écrit Jean Felix Acquaviva, nouveau président de l’OTC, dans un document de quatre pages adressé le 10 janvier à la CGT marins et sédentaires, à la CFDT marins et officiers du Sammm.
Alors que le cahier des charges de la future DSP devait être publié le 15 janvier, il propose une « redéfinition du dispositif global du service public de continuité territoriale jusqu’au mois de mars, dans un calendrier permettant la discussion entre toutes les parties sur tous les systèmes d’organisation, sans tabous ». Il invite également les deux compagnies concurrentes MCM et Corsica Maritima (Linea) à la recherche d’un « protocole d’accord », puis « d’un pacte d’actionnaires, autour de l’idée d’une compagnie publique corse » et propose une « période de transition de trois mois » afin d’étudier les modalités liées à la création de cette compagnie dont le siège sera en Corse.
Une remise à plat totale du système
L’Office des transports de la Corse, qui s’est entretenu individuellement la semaine dernière avec les dirigeants des compagnies maritimes présentes sur le réseau, propose aux marins une rencontre le 13 janvier avec le conseil exécutif et la présidence de l’assemblée de Corse. L’objectif est clair et écrit noir sur blanc: « Une remise à plat totale du système. » La Compagnie Méridionale de Navigation n’apparaît pas dans ce nouvel ensemble proposé par les nationalistes au pouvoir depuis le 13 décembre. Dans une reconfiguration qui se dessine (avec à la clé une réelle diminution de la compensation financière) et une guerre commerciale pour le fret, la compagnie du groupe Stef demeure silencieuse.