Le 3 décembre, lors d’une soirée organisée à Marseille pour fêter les 30 ans de la société, MGI a dévoilé Ci5, son nouveau Cargo Community System (CCS) qui va prendre le relais d’AP + au port phocéen au cours du premier trimestre 2017. La vision de MGI avec ce nouveau logiciel est de « connecter les supply chains à travers un système d’information permettant la visibilité door-to-door de la marchandise », a précisé Dominique Lebreton, directeur audits, projets et commercialisation de MGI, pendant la conférence de presse organisée le 3 décembre. Ci5 signifie Cargo intelligence 5. Le chiffre 5 symbolise les cinq modes de transport (aérien, rail, route, océan, voies navigables) mais aussi les cinq continents, car ce CCS a été conçu pour convenir aux places logistiques françaises et internationales. « Le chiffre 5 signifie également que le nouveau CCS prend en compte un cinquième élément, l’humain, a indiqué Jaap van den Hoogen, président du directoire de MGI, car il répond aux besoins des clients et utilisateurs, et à leurs attentes. » MGI explique que faire évoluer AP + est devenu nécessaire dix ans après son lancement car le socle technologique de ce CCS, l’un des plus complets et innovants, a tout de même vieilli au fil des années. « Avec Ci5, notre objectif est d’aller au-delà des plus récents CCS présents sur le marché, de conserver le meilleur d’AP + et de proposer de nouvelles fonctionnalités que prédéfinissent les usages de demain dans le transport de marchandises », a poursuivi Dominique Lebreton. Ci5 est une application web (Saas) basée sur une architecture open source, « ce qui lui confère une flexibilité importante ». Elle est utilisable à partir d’un poste de travail, d’une tablette ou d’un smartphone, quel que soit le navigateur. Cela place Ci5 à la pointe de la technologie existante et permet une maîtrise des coûts chez MGI et chez les clients. Pour Jaap van den Hoogen, « Ci5 constitue bien plus qu’un Port Community System et bien davantage qu’un Cargo Community System car les technologies permettent aujourd’hui à la marchandise de devenir intelligente et d’être tracée où qu’elle soit. »
Un système développé avec les utilisateurs
MGI a commencé à travailler sur sa nouvelle génération de CCS en 2014 et son objectif est de finaliser Ci5 pour fin 2016. « Une telle rapidité de développement a été rendue possible par l’application de la méthode Agile dont l’un des axes place le client et l’expérience utilisateur au cœur de la démarche », a souligné Alain Perez, directeur des systèmes d’information et chef du projet Ci5 au sein de MGI. Cela signifie que des clients et utilisateurs sont sollicités par des questionnaires ou dans le cadre d’ateliers, et participent directement à l’évolution et à l’amélioration du nouveau système jusqu’à son lancement officiel. L’expérience utilisateur est au centre du processus de conception et de réalisation du système. MGI estime que Ci5 est ainsi développé au plus près de l’utilisateur (user centric), de son métier, de ses activités. Selon MGI, « ce principe novateur de user centric » est le premier d’une série de cinq qui ont guidé le développement du nouveau CCS. Le deuxième principe novateur est le Business Activity Monitoring qui permet un pilotage opérationnel par le suivi door-to-door de la marchandise, avec des messages d’alertes pour informer d’un événement. Le troisième principe est le concept de Fast Lane, gestion directe en temps réel qui simplifie les processus logistiques par la génération automatique d’opérations à travers des autorisations accordées de manière anticipée. Les actions peuvent être anticipées dans Ci5 pour accélérer les processus de la chaîne logistique, la gestion des flux devient proactive et non plus réactive. Le quatrième principe est « l’interopérabilité ». Ci5 est interopérable avec les autres systèmes des acteurs de la chaîne logistique. Dernier principe, le Business Intelligence, qui permet aux utilisateurs de Ci5 de disposer d’un outil de pilotage stratégique grâce à des tableaux de bord (big data) et la production d’indicateurs clés de performance (KPI) et de statistiques. Le client dispose de toutes les données possibles à différents niveaux, commercial et marketing notamment, pour piloter la chaîne d’approvisionnement de manière globale. Ci5 permet la gestion de tous les types de trafic: conteneur, ro-ro, conventionnel, vrac liquide et sec. Au total, de 2014 à 2016, MGI investit 4 M€ sur ses fonds propres pour le développement de Ci5 pour un chiffre d’affaires compris entre 6 M€ et 6,5 M€ en 2014. Trente-neuf salariés sont employés chez MGI qui va aussi faire appel à des ressources en régie de SSII pour absorber le pic de charge de travail prévu en 2016.
Des discussions en cours avec Soget
À la fin des années 1990, plutôt que de proposer deux systèmes différents Ademar et Protis, les communautés portuaires du Havre et de Marseille ont travaillé ensemble afin de développer un CCS commun. Celui-ci est baptisé AP + et va devenir le premier CCS trimodal (mer, terre, air). Le CCS AP + est un guichet unique électronique qui optimise, agrège, automatise, orchestre et sécurise les processus métiers des acteurs privés et publics d’une communauté portuaire, aéroportuaire et des acteurs de pré et post-acheminements. Sogyp, une filiale détenue à 50/50 par MGI et Soget, est créée pour assurer les développements et la maintenance d’AP +. Aujourd’hui, MGI et Soget se retrouvent dans la même situation qu’il y a plus de dix ans, en proposant Ci5 pour la première et S)one pour la deuxième, soit deux CCS concurrents d’origine française. Jaap van den Hoogen, président du directoire de MGI, a indiqué que l’État français, – à travers les ministères de Bercy (douanes) et des Transports – et certains utilisateurs sont intervenus auprès des deux sociétés pour demander « la création d’un portail commun » permettant l’utilisation de l’un ou l’autre des deux systèmes Ci5 et S)one. « Ce portail sera mis en place dès que MGI et Soget se seront mis d’accord, probablement vers le troisième trimestre 2016, a précisé Jaap van den Hoogen. Il y a actuellement un travail conduit entre avocats pour parvenir à un rapprochement. » Pour Alain Perez, directeur des systèmes d’information et chef du projet Ci5, « concernant la convergence entre Ci5 et S)one, il y a deux manières de l’appréhender. D’un côté, les interfaces (EDI) peuvent être identiques car ce sont les mêmes que celles d’AP +. De l’autre, les écrans peuvent être différents mais cela n’empêche pas que les deux systèmes soients compatibles. » À terme, tous les ports AP + peuvent être maintenus même avec deux systèmes différents. Un utilisateur au Havre et à Marseille pourra travailler avec l’un ou l’autre des deux CCS, assure MGI.