La société, présidée par Jean-Pierre Porry, trouve son origine dans la libéralisation de la profession de courtier maritime, qu’exerçait son père depuis 1944, profession jusque là réglementée. Jean-Pierre Porry a décidé de se tourner vers d’autres activités et notamment le remorquage. Active dans plusieurs ports des Caraïbes, la Somara est basée en Martinique. « Notre base tient d’abord à notre actionnariat puisque nous avons avec nous une société de capital risk de la région Martinique. Seuls 17 % de notre chiffre d’affaires sont réalisés dans le département, mais notre base est ici, là où nous assurons l’entretien et les approvisionnements », explique Jean-Pierre Porry. Dans le port de Fort-de-France, la Somara base ses remorqueurs et son centre technique et les déploie en fonction des besoins pour répondre à des demandes contractuelles, ponctuelles ou des interventions d’urgence.
Le core business de la Somara repose notamment sur les activités de remorquage portuaire, mais aussi sur les activités côtières et hauturières, dont les opérations de sauvetage, du fait notamment de son contrat avec l’Action de l’État en mer sur la zone. Une unité est affectée au tractage d’une barge. D’une capacité de 6 500 t, elle est affectée à des transports de colis lourds, d’agrégats et d’allégement de navires. Elle dispose d’un système de déchargement autonome pour les agrégats transportés. Un tapis roulant intégré dans le fond de la barge achemine les produits directement vers une goulotte qui peut ainsi décharger par ses propres moyens les marchandises avec une cadence moyenne de 500 t/h. De plus, cette barge est équipée d’une rampe ro-ro. « Nous avions au préalable la sister-ship de cette barge que nous avons vendue pour remplacer par celle-ci mieux équipée. »
Étendre son champ d’action
Opérateur martiniquais, la Somara a étendu son champ d’action car si « le marché martiniquais est intéressant; il nous oblige à conserver sur place deux remorqueurs, pour seulement 11 manœuvres de navires-citernes qui viennent décharger pour la raffinerie. Une astreinte qui nous a obligés à trouver des activités autour de la Martinique et dans la proche région Caraïbe. » Pour structurer et développer ses activités extérieures, la Somara a créé une co-entreprise avec la filiale remorquage du groupe A.P. Møller, Svitzer. La SSC (Svitzer Somara Caribbean) est détenue à 60 % par Svitzer et à 40 % par la Somara. La filiale d’A.P. Møller gère les aspects techniques. La gestion commerciale et le développement sont assurés par la Somara. « Cette structure doit permettre aux deux partenaires de développer leurs activités dans le sud des Caraïbes, de Saint-Martin à Sainte-Lucie, hormis la Martinique puisque nous y sommes présents. » À ce jour, la SSC opère dans le terminal pétrolier de Saint-Eustache. La stratégie de cette co-entreprise est avant tout de se développer sur des marchés nouveaux. « La taille des navires augmente dans la région et nous devrions voir des changements avec des obligations de remorquage intervenir dans certains ports. Il faut être prêt pour répondre aux appels d’offres. » Chaque société a apporté une unité de 65t de traction dans SSC. « En cas de développement des activités de la SSC, il est prévu dans un premier temps d’utiliser une unité ou l’autre des sociétés mais, au cas où les contrats se pérennisent, nous pourrons envisager des acquisitions spécifiques », continue Jean-Pierre Porry.
Parallèlement à la création de la co-entreprise avec Svitzer, la Somara est en réflexion sur son matériel. Les unités actuelles ont été financées par des affrètements coque nue. Le renouvellement de la flotte doit permettre au groupe de tendre vers une standardisation de ses équipements. Pour ces acquisitions, la Somara s’interroge sur les modalités d’acquisition, soit par affrètement à long terme soit par d’autres financements. Si les marchés nouveaux méritent des navires avec une capacité de traction plus élevée, la Somara pourra alors s’appuyer sur la SSC.