À Dégrad des Cannes, les conteneurs sont manutentionnés par les grues du bord. Les dockers interviennent directement sur le navire. Pour la manutention horizontale, des reachstackers assurent la mise sur quai. Pour le président du directoire du Grand port maritime de la Guyane, la réflexion du choix d’un outil pour la manutention verticale a déjà commencé. Le choix à faire se place entre la grue sur rail et la grue sur pneu. Le portique, compte tenu des trafics actuels, s’avérerait surdimensionné actuellement. D’autant plus que le choix d’un portique doit s’accompagner d’une organisation sur la manutention horizontale par des cavaliers. Pour Hugues Mounier, directeur de l’agence Marfret de Dégrad des Cannes, « la grue mobile ne serait pas un bon choix. Il serait difficile d’atteindre le quai 3. La grue sur rail serait une solution à condition qu’elle soit dimensionnée aux trafics et que le quai soit renforcé pour l’accueillir ». Une option que Philippe Rech, directeur de l’agence CMA CGM à Dégrad des Cannes et de la Somarig, filiale de manutention sur le port, nuance. « Qu’elle soit sur pneu ou sur rail, une grue sera un plus. Néanmoins, continue Philippe Rech, la grue sur pneus n’est pas l’option à prendre en raison des conditions techniques sur le terminal. »
Une organisation sociale optimisée
Il reste que la mise en place de nouveaux moyens de manutention sur le terminal signifie aussi une organisation sociale optimisée. Le Gemag, Groupement des employeurs de la manutention en Guyane, doit être pérennisé, explique Philippe Rech, président de l’organisation. Une centaine de dockers travaillent sur le port. « Le temps de travail est de 32 heures par semaine sur le port avec un travail les samedis et dimanches sur volontariat. » Dans les conditions actuelles de trafic, l’inemploi des dockers est estimé aux alentours de 35 %. « En 2016, il faudra évoluer », affirme Philippe Rech qui rappelle que des négociations ont été entamées avec les partenaires sociaux pour une modification de l’organisation sur le terminal. « Nous avons toujours milité pour le développement de la logistique pétrolière. Elle permettrait d’éponger l’inemploi sur le port. À défaut, nous devons mettre en place une structure avec une organisation qui soit compétitive. N’oublions pas que le Suriname est proche avec un port, Paramaribo, dont les coûts de manutention sont bien inférieurs. » Parmi les solutions avancées, l’opérateur unique serait une alternative à retenir pour Philippe Rech. Une structure qui doit intégrer l’ensemble des opérateurs et le Grand port maritime. Son rôle serait de gérer et d’assurer la maintenance de l’outillage.
Quant à la population dockers, depuis la sortie de l’intermittence en 1999, leurs mentalités ont évolué localement. « La population dockers est vieillissante sur le port puisque plus de la moitié a dépassé les 50 ans. Il faut gérer l’effectif en mode réel ». Selon le président du Gemag, les dockers ont accepté cette notion et l’étape actuelle est de dresser le constat et d’en tirer les conclusions. « Le constat est partagé mais nous ne voulons pas passer contre l’avis de tous, en force. Il faut que nous ayons une vision consensuelle de l’avenir entre les partenaires sociaux. »
Position divergente
Cette position de la représentante de la filiale manutention de Marfret dans les trois départements français d’Amérique, Patricia Boissard, diverge quelque peu de la position du président du Gemag. Sur l’opérateur unique du port, elle reste plus nuancée en préférant se concentrer sur la rationalisation de l’organisation du terminal. « Nous devons d’abord penser à moderniser le port sur son aspect terrestre. » Quant à l’outillage, elle affiche une plus grande prudence. « Avant d’investir dans l’outillage, il faut organiser le terminal. Il n’y a pas d’urgence à cet investissement. »
Sur le terminal, chaque opérateur gère sont parc avec son propre outillage et organise sa maintenance. Alors, créer un opérateur unique qui gérerait le parc et la maintenance ne semble pas de l’avis de Patricia Boissard. « Nous faisons appel à un prestataire extérieur pour la maintenance de notre parc qui nous donne entière satisfaction. Créer un opérateur unique avec l’atelier de maintenance actuel ne me paraît pas une bonne idée. Je serais plutôt favorable à la création d’un atelier mutualisé avec des plages horaires par opérateur. Je ne souhaite pas payer plus des prestations de maintenance dont les résultats laissent à désirer. »
Outre cette position, Patricia Boissard regarde avec attention le Gemag. « Nous devons faire des gains de productivité et baisser la masse salariale. » Sans s’attarder sur les chiffres, elle confie que le Gemag est encore déficitaire. La solution proposée? Lâcher du lest sur les départs à la retraite en acceptant de décaler les points en échange de l’abandon du travail les week-ends et le décalage de la pause.