Les trois départements français d’Amérique sont alimentés par deux armements principaux: CMA CGM et Marfret. L’avantage du premier sur le second est de disposer de contrats pour assurer l’exportation de bananes antillaises vers l’Europe. Pour le responsable des lignes Antilles de la CMA CGM, Guillaume Latheulize, le marché antillais enregistre un bon équilibre entre l’import et l’export. Sur les dernières années, le marché antillais enregistre une croissance. « En moyenne, le trafic progresse de 2 % à 3 %, confie Guillaume Letheulize. La population croît régulièrement et donc, corrélativement, le marché progresse. » Globalement, les lignes entre l’Europe et les Antilles enregistrent des « fiabilités records, bien au-delà d’autres services », souligne Guillaume Letheulize.
Cinq services
Actuellement, l’armement propose cinq services sur les Antilles. Deux services partent d’Europe vers Pointe-à-Pitre et Fort-de-France. Il s’agit des services PCRF et du Med Caraïbes. Le premier est alimenté avec des unités de 2 200 EVP quand le second accueille des navires de 2 800 EVP. Outre les services transatlantiques, l’armateur a mis en place trois services régionaux vers le Suriname, la Guyane et le nord Brésil. « Des services qui permettent de relier les différentes îles de la région, mais aussi d’assurer une fonction de feeder », continue le responsable des lignes Antilles de CMA CGM.
Quant à la Guyane, elle est desservie en direct par deux services: l’un au départ d’Europe du Nord et l’autre en intrarégional.
Pour l’armement, la mise en place de lignes entre les îles des Caraïbes reste un pari qui n’est pas encore sorti gagnant. « Les Antilles et la Guyane ont toujours fait du sourcing de leurs produits sur la métropole ou l’Asie. Le marché intracaribéen reste encore embryonnaire. » Et demain, quand le nouveau jeu d’écluses du canal de Panama ouvrira, peut-on imaginer un changement dans le paysage de la desserte des trois départements? « Le Panama va permettre au marché caribéen dans sa globalité de disposer d’une nouvelle alternative plus intéressante vers l’Asie. C’est un sujet qu’il faut regarder avec attention sans savoir ce qu’il va se passer », indique Guillaume Letheulize.
Rester un acteur essentiel de la région
L’ouverture de ce nouveau canal de Panama est avant tout, pour le groupe de Marseille, l’occasion de placer ses pions dans les ports locaux. Pour la CMA CGM, sa présence à Kingston ne date pas d’aujourd’hui. Le groupe y est présent depuis plusieurs années. Cependant, Kingston devrait être au cœur des routes entre l’Asie et la côte Est des États-Unis. « Le port de la Jamaïque sera notre principal hub dans la région », souligne Guillaume Letheulize. Dans son schéma logistique, si Kingston se voit adjuger une place centrale, les ports des Antilles françaises auront un rôle à jouer dans le triangle entre la République dominicaine, Puerto Rico et le nord Brésil. « Nous sommes présents dans la manutention des ports aux Antilles. Nous avons investi tant dans les hommes que dans les machines. Notre stratégie est de rester un acteur essentiel de la région. Nous avons une flotte dédiée pour desservir les départements français d’Amérique (DFA). Nous répondons à une demande du marché et nous devons garder notre position. » Et pour le directeur des lignes Antilles, il n’existe pas de petits rôles à jouer. Si les ports des deux îles françaises des Antilles sont dédiés aux liaisons sur le nord du Brésil, le Venezuela et les autres îles des Antilles, cela permettra de dynamiser le système portuaire régional.