Patrick Rocca, dans 45 jours, aura les clés de l’ex-SNCM. En effet, l’offre du chef d’entreprise corse, candidat de la première heure, a été retenue par le tribunal de commerce de Marseille au terme de près d’un an de redressement judiciaire de la compagnie maritime. La lecture du jugement par le juge Richelme, notamment l’annonce des 583 licenciements, a suscité l’émotion au sein de l’audience. Réagissant immédiatement, l’actuel président du directoire de l’ex-SNCM a exprimé son « soulagement d’avoir pu sauver 845per sonnes et 875 personnes avec les filiales, ce qui n’était absolument pas gagné au démarrage de la procédure », a commenté Olivier Diehl, qui devient, selon le montage juridique de Patrick Rocca, actionnaire aux côtés d’autres cadres de la Compagnie Maritime Méridionale à hauteur de 25 %.
Rassurer les salariés
Resté à Ajaccio, Patrick Rocca était représenté à Marseille par son avocat Maître Alain Guidi. « Dès demain, nous prendrons contact avec toutes les personnalités de ce dossier afin d’élaborer un plan stratégique de développement et de rassurer les uns et les autres pour leur dire que nous maintiendrons nos engagements. Dans notre offre, nous avons affirmé la priorité de réembauche des personnes licenciées au sein du groupe Rocca. Les offres disponibles seront mises à la disposition des personnes licenciées. Nous avons un espoir d’une compagnie apaisée et envie de satisfaire les clients un peu oubliés. Tous les actifs de la société sont intégrés dans une seule et même société de manière à rassurer les salariés. »
Interrogé sur le prix de cession particulièrement bas, Alain Guidi rétorque: « Les candidats repreneurs ne se sont pas bousculés. Patrick Rocca a eu du courage de venir dans ce dossier compliqué et nous ne sommes pas des prédateurs. Cette compagnie a subi trop de traumatismes, on veut intervenir dans un climat social apaisé. » La Compagnie Maritime Méridionale devra également conclure avec la Compagnie Méridionale de Navigation un contrat de sous-délégation de service public. « Dans les faits, tout tremble mais rien ne bouge », a assuré Maître Guidi.
Un mystère reste entier. Habituellement, la prise de possession intervient le jour du jugement à minuit. Faut-il croire que le tribunal accorde une période transitoire de 45 jours afin d’éviter au repreneur de subir les conséquences de mouvements sociaux?