Le développement durable est entré dans l’ADN de Mærsk depuis quelques années, sans avoir attendu les préparatifs de la COP 21. Le premier armateur mondial conteneurisé affiche ses ambitions sans perdre de vue son objectif premier: « Nous sommes une société et nous devons être rentables pour nos actionnaires », explique Mads Stensen, conseiller en développement durable de l’armement. « Nos actions pour réduire notre consommation sont en place depuis quelques années. Nous continuons d’agir dans ce sens. » Cette politique se réalise dans plusieurs domaines. Le premier qui vient à l’esprit est la réduction des émissions de CO2. Selon l’armement, les émissions ont été réduites de 40 % depuis 2007. « Nous sommes en avance de 10 % par rapport à nos concurrents », continue le conseiller.
En 2014, l’armement danois a rehaussé la barre des objectifs en annonçant une réduction de 60 % des émissions de CO2 d’ici à 2020. Pour ce faire, Mærsk a créé, à Mumbai en Inde, une structure qui gère au quotidien tous les navires de la flotte. Les personnels observent les conditions de navigation de chaque navire afin qu’il navigue dans des conditions optimales. « Dans cette salle de contrôle, les ordinateurs enregistrent plus de 2GB de données par jour. Avec notre flotte de 600 navires, nous pouvons ainsi déterminer la meilleure route et permettre aux commandants de prendre des décisions pour réduire l’empreinte carbone de nos navires. » La mise en place du slow steaming est devenue une donnée majeure pour appliquer cette politique. Elle a permis de réduire les émissions, mais aussi de répondre à un marché décroissant sur certaines lignes, notamment celles reliant l’Asie et l’Europe. Au final, Mærsk annonce la réduction de 125 000 t de CO2 en 2014. Outre les conditions de navigation, l’armateur danois est attentif à la construction des navires. Les derniers-nés de la flotte, les Triple-E, ont fait les gros titres de la presse pour leurs qualités environnementales.
Néanmoins, le groupe dispose parmi ses 600 navires d’unités plus anciennes qui ne sont pas adaptées à la politique environnementale du groupe. Il a donc décidé, en septembre 2014, d’investir 1 Md$ dans les cinq prochaines années pour « mettre à jour » sa flotte plus ancienne. Une centaine de navires sont concernés par ce programme. Les refits de ces navires doivent obéir à une règle du groupe: les unités doivent rester compétitives tout en ayant une consommation et une empreinte carbone réduites.
La conception des navires passée au crible
« Nous travaillons sur l’ensemble de la flotte et nous regardons aussi les dernières innovations technologiques en cours pour nos futurs navires », continue Mads Stensen. C’est toute la conception des navires qui est passée au crible, depuis le design jusqu’aux peintures utilisées en passant par la propulsion. Et demain, Mærsk pourrait-il passer à des navires avec une propulsion uniquement au GNL? « Aujourd’hui, nous ne connaissons pas de porte-conteneurs comme nos navires de dernière génération qui ont été construits sur ce modèle. Peut-être dans quelques années, mais ce n’est pas à l’ordre du jour. Il faut aussi prendre en compte les capacités à s’approvisionner dans les ports. Aujourd’hui, peu de ports sur nos lignes peuvent offrir du soutage au GNL. Tout cela doit se mettre en place. »
Faisant partie intégrante de la chaîne logistique, Mærsk tente aussi d’appliquer cette politique à tous les maillons. Il veut entraîner dans son sillage les clients et les fournisseurs. En 2014, le groupe a misé sur les commissionnaires en transport. À titre d’exemple, il cite l’accord qu’il a passé avec DB Schenker Logistics afin de réduire de 20 % l’empreinte carbone de chaque conteneur transporté pour le compte de DS Schenker Logistics. « Nous voulons être transparents et accompagner nos clients. » Mais l’action se fait aussi sur les fournisseurs du groupe. Chaque nouvel arrivant est « audité » pour entrer dans le cadre de cette politique de développement durable.
La vertu de ces actions sur le plan environnemental s’accompagne nécessairement d’une mesure de la compétitivité. Mærsk demeure une société dont l’objectif premier est de réaliser des bénéfices, ce qui s’inscrit pleinement dans le concept de développement durable.