L’Asie devance les flux méditerranéens

Article réservé aux abonnés

Un million deux cent mille EVP devraient être traités sur Marseille-Fos en 2015, un trafic supérieur à celui de 2014 (1,179 MEVP). « Marseille connaît un rythme de croissance supérieur à la moyenne des ports européens. Cette performance doit être saluée », s’est félicité le secrétaire d’État aux Transports, Alain Vidalies, lors de son passage à Marseille au début du mois de novembre.

Au cours des neuf années écoulées, les trafics conteneurisés ont progressé de 30 %, avec 300 000 EVP. Durant cette période, l’origine et la destination des flux a évolué. Le bassin méditerranéen, zone de chalandise naturelle du GPMM, représentait 370 000 EVP en 2005. Neuf ans plus tard, les liens commerciaux se sont quelque peu distendus, se traduisant par un tassement des flux (331 000 EVP en 2014) au bénéfice de l’Asie dont les trafics ont doublé, passant de 350 000 à 614 000 EVP. « 80 % de nos flux arrivent d’Asie, devenue l’atelier du monde », souligne Nicolas Gauthier, directeur général d’Eurofos et de la holding PortSynergy Group, joint-venture à 50/50 entre Terminal Link (CMA CGM 51 %, CMHI 49 %) et DP World.

Sur la période 2005-2014, les flux avec l’Amérique ont quintuplé, passant de 110 000 à 550 000 EVP, ceux d’Australie-Océanie ont presque doublé, même si les volumes demeurent modestes (16 500 EVP en 2014). L’Afrique est demeurée stable, tandis que les flux Europe du Nord-Ouest et France ont été divisés respectivement par huit et six.

Un nouvel essor

La réforme portuaire de 2008 a fait son œuvre. Les armateurs, passés maîtres des terminaux, se sont mis en ordre de marche pour attirer les porte-conteneurs dernière génération. Au même moment, la logistique, adossée à 2XL, a connu un essor sans précédent, accueillant industriels et importateurs (Maisons du Monde, Ikea, Havainas, etc.). Les alliances nouées en mer ont également eu un effet sur la recomposition du paysage conteneurisé traité sur Marseille-Fos. En septembre dernier et dans le sillage de MSC, China Shipping positionnait des unités de 14 000 EVP sur le Terminal de la Méditerranée, signant sa volonté d’augmenter la capacité du service reliant l’Europe et la Méditerranée à l’Asie via le golfe Persique. « China Shipping effectue cinq escales par semaine dans le cadre d’Ocean 3 avec CMA CGM », précise le directeur général d’Eurofos. Il souligne la généralisation à Fos des escales de porte-conteneurs de 11 000 à 14 000 EVP déployés par les alliances G6 et 2M.

À fin septembre, le trafic conteneurisé garde une avance de 4 % avec plus de 900 000 EVP, grâce à la bonne tenue de l’activité, aussi bien à Marseille qu’à Fos.

Eurofos a manutentionné 467 753 EVP entre janvier et octobre, des volumes en hausse de 7 % comparé à 2014. « La quasi-totalité de la croissance de Marseille-Fos se fait sur le terminal de PortSynergy », fait valoir Nicolas Gauthier. Le transbordement reste une activité marginale, il représente 1 % à 2 % chez Eurofos environ. Chez Seayard, c’est à peine plus. « Nous commençons à faire du vrai transbordement. En 2014, il a représenté 3 % de notre activité. En mai dernier, Seago Line a démarré un service hebdomadaire au départ de Fos vers l’Algérie. Le fret en provenance du Maroc, de l’Égypte et de Turquie est transbordé à Fos avant de repartir sur Alger », souligne Claus Ellemann-Jensen, p.-d.g. de Seayard. Les bassins Ouest, positionnés sur les lignes transocéaniques, entendent également développer les lignes courtes (Arkas est présent à Fos depuis deux ans), concurrençant l’activité historique des bassins Est axés sur les trafics intraméditerranéens.

Vague d’investissements du côté des manutentionnaires

Pour anticiper la hausse des volumes conteneurisés et l’arrivée des mégas porte-conteneurs, les opérateurs de terminaux de Marseille-Fos investissent massivement. Le 9 novembre, Eurofos a annoncé avoir fait l’acquisition « des plus grands portiques de manutention au monde ». D’une hauteur supérieure de 33 % à ceux actuellement en service, ces engins mesurent 54 m de haut pour une portée de 72 m, permettant de traiter tout type de navires, y compris des 21 000 EVP. « Les armateurs prennent des décisions rapidement, et nous devons être en mesure de répondre à tous les scénarios possibles », explique Nicolas Gauthier. L’érection des deux portiques à conteneurs débutera en février pour une mise en service en octobre 2016. L’investissement de quelque 18 M€ s’inscrit dans le cadre d’un programme d’investissements de 100 M€ qui doit s’achever en 2017. En janvier, Eurofos avait accru sa flotte d’engins de manutention pour 10 M€. En projet également, la construction d’un atelier de maintenance, de locaux sociaux et administratifs, d’un magasin et d’un hangar pour le fret conventionnel, l’empotage et le dépotage des conteneurs.

Pour Seayard, l’enjeu porte sur la hausse des cadences. « Les navires étant de plus en plus grands, nous devons travailler plus rapidement. La moyenne se situe de 60 à 65 mouvements de l’heure, avec des pointes à 80, mais ce n’est pas suffisant. Pour parvenir à traiter correctement des navires de 14 000 EVP, nous devons atteindre 100 mouvements à l’heure. C’est notre challenge pour l’avenir », lance Claus Ellemann-Jensen. Le p.-d.g. de Seayard souhaite que le port engage rapidement les travaux de comblement de la rotule qui sépare Eurofos de Seayard, empêchant toute mutualisation de l’outillage entre opérateurs.

Dans les bassins Est, Med Europe Terminal anticipe aussi de nouvelles évolutions. L’opérateur, qui à fin octobre a manutentionné 160 000 EVP (+ 5,5 %), prévoit de faire évoluer son système d’information (dans la lignée du TOS déployé le 10 novembre sur le terminal de Marseille Manutention) et d’acquérir de nouveaux engins de manutention. « Notre plan d’investissement est lié aux discussions avec les partenaires sociaux », précise Sébastien Latz. Le directeur du Med Europe Terminal mise sur la polyvalence de son yard pour développer ses parts de marché. « Quatre cent quarante escales ont été réalisées à fin octobre, soit une progression de 8 % traduisant l’arrivée de nouvelles lignes. Le service Euraf 4 de CMA CGM sur l’Afrique de l’Ouest, initié en août, complète le service de Grimaldi qui deviendra hebdomadaire en janvier. MNM African Shipping Line a lancé en octobre un service conro sur l’Afrique de l’Ouest », précise-t-il. Comme quoi, le conteneur semble promis à un bel avenir, associé au roulant et au conventionnel sur le continent africain.

Dossier

Archives

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15